Vieillissement de la population : les défis qui nous attendent

Image extraite du magazine «#Investigation» (La Une) © RTBF

En 2040, un million de Belges auront plus de 80 ans. Le vieillissement de la population est un défi de société. Un sujet évoqué ce mercredi à 20h15 sur La une dans «#Investigation».

Au milieu des années 1960, on est vieux à 60 ans. Enfin, c’est l’image que j’ai de la vieillesse quand, enfant, je reviens de l’école et que je passe devant le banc des pensionnés. Le long de la route qui traverse le hameau, ils sont là. Sexagénaires en vestes grises, à casquettes plates et (souvent) en charentaises, on dirait qu’ils portent un uniforme pour monter la garde sur les allées et venues.

Il y a aussi le club des «trois fois 20 ans» qu’évoquent parfois les aînés, avec belotte, voyage en car à Moresnet-Chapelle et thé dansant. Soixante ans après, le banc a disparu, on est pensionné au moins cinq ans plus tard et l’uniforme des octogénaires c’est baskets, jeans, sweat à capuche, casquette américaine…. Contrairement à ce que chantait Jacques Brel, vieillir pourrait-il être devenu «une belle affaire» ?

Tu ne les fais pas

Il y a le bon côté des choses, les petites phrases qui font plaisir, genre : «65 ans ? Tu ne les fais pas. La bonne cinquantaine peut-être, mais 65…». Dont acte. Le compliment passe moyen mais soit, je prends.

L’exemple de ce parent aussi je le prends. 84 printemps. Toujours bon pied bon œil et paraissant une bonne dizaine d’années de moins par sa vivacité d’esprit. Puis, subitement, un vilain problème au dos, extrêmement douloureux l’empêche de marcher. Là, en un clin d’œil, il fait subitement son âge, voire davantage. Jusqu’à l’opération tant redoutée… qui le relance sur le chemin d’une vie un moment menacée.

Outre l’aspect extérieur pimpant et le goût prononcé pour les bons mots, ce parent octogénaire prend aussi soin de laisser des cailloux tout au long de sa route. À ses enfants, à ses petits-enfants. Et ceux-ci ramassent au hasard de conversations souvent anodines ces pierres précieuses extraites avec précaution de la mine d’expérience de ce père et grand-père qui partage sans compter, avec malice et bonhomie. Apprécie-t-il de vieillir ? Pas sûr. Mais c’est ainsi, et il assume, entouré des siens, dans l’appartement que l’âge lui a fait préférer à une maison devenue trop lourde à porter

Tu vieillis mal

«Bien vieillir, laisser une trace, son expérience, être entouré…» : tout le monde n’a pas cette chance. Tout le monde n’a pas non plus la même attitude par rapport au vieillissement. Je pense à ces personnes qui refusent de vieillir à coup d’opérations ou d’injections qui viennent gommer pour un temps les affres des années sur le corps. Chacun ses choix.

D’ailleurs, pas besoin d’avoir recours à la médecine pour refuser de vieillir. Un ami estimait avoir 25 ans pour toujours. Si c’est ainsi qu’il se sent mieux, pourquoi pas. Lui faire une remarque à ce sujet m’aurait d’ailleurs valu un «tu vieillis mal», en mode grincheux, amer, ronchon. Et notre société, que fait-elle du vieillissement ? En entreprise, l’expérience est-elle valorisée, utilisée ? Pas sûr. L’ancienneté coûte cher et que rapporte cette expérience ?

Hier, on était vieux à 60 ans. Aujourd’hui, la date de péremption professionnelle apparaît bien plus tôt. «Je rêve d’une société qui mettrait à profit, au quotidien et de manière concrète dans nos interactions, l’expérience vécue et les savoirs (savoir-faire et savoir-être) des aînés et aînées», écrivait dans le quotidien québécois La Presse, la psychologue Diane Aubin.

Mercredi sur La Une, le magazine «#Investigation» s’intéresse à ce défi du vieillissement. L’approche est très pragmatique. En 2040, un million de Belges auront plus de 80 ans. Pour pouvoir accueillir tous les seniors, il faudrait créer au moins 1.600 nouvelles places en maison de repos chaque année et ce, pendant vingt ans. Des décisions cruciales doivent être prises pour l’avenir de nos aîné(e)s.

Cet article est paru dans le Télépro du 11/1/2024

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