Comme promis, la coach de «The Voice» prend soin de son petit poulain. Les retours sur «Rhythm Inside» donnent la pêche à BJ Scott, qui n’a pas un regard si négatif sur l’Eurovision. Rencontre… surprenante !
«On est explosés», lance BJ Scott, au lendemain de la qualification de Loïc Nottet. «Il y a une ambiance folle, ici ! Tout le monde reprend « Rhythm Inside »». Il y a une vraie camaraderie dans les coulisses selon notre coach préféré, qui a craqué pour la bonne humeur du groupe arménien, Genealogy.
Ça tranche avec la réputation très politisée de l’Eurovision. «Je suis contente pour Loïc et je suis contente pour la Belgique !».
Dans quel état d’esprit étiez-vous lors de la demi-finale ?
Là, je suis dans une drôle de position. Je suis auteure d’une chanson qui représente la Belgique. En même temps, je continue en quelque sorte à être la coach de Loïc Nottet.
Vous êtes encore la coach ?
Nous sommes d’égal à égal en tant qu’artistes. Mais, Loïc n’a pas de management qui s’occupe de lui comme on peut prendre soin d’un artiste. Bien sûr, il y a Sony qui s’occupe de lui, mais dans ces moments, il faut quelqu’un qui le défende comme il faut et qui le soutienne. Michel Gudanski et moi, faisons de notre mieux pour le protéger, le guider et l’aider. Nous essayons d’avoir un rôle le plus positif possible. On espère qu’il va trouver un manager qui va bien se soucier de lui. Mais jusque là, nous le prenons un peu sous notre aile. C’est rare d’avoir un artiste qui n’est pas représenté par un manager.
Loïc Nottet vous l’a demandé ?
En ce moment, je suis un peu en sevrage de coaching, et je voulais aller vers autre chose vis-à-vis de Loïc, mais il m’a demandé d’avoir un regard extérieur sur lui, et de lui donner cette protection maternelle qui s’estompe petit à petit, et qui sera de moins en moins nécessaire.
Vous nous disiez que vous rêviez d’aller à l’Eurovision avec une chanson. Cette qualification du premier coup, c’est fantastique !
Evidemment, je suis fière ! Mais je n’ai pas envie de voler la vedette à Loïc, donc je n’en parle pas beaucoup… C’est funny ! J’ai écrit une chanson avec lui, dans laquelle il y a un message important pour Loïc, pour moi aussi et pour la Belgique. Les compliments inattendus des autres pays, par rapport aux paroles me touchent beaucoup parce que la plupart des artistes, ici, comprennent bien l’anglais, et j’avoue que je n’ai pas l’habitude que l’on me parle du sens de mes textes. Ça me donne de la confiance, tu te dis «Yeah !», c’est agréable !
Une collaboration sur son 1er album est envisagée ?
S’il me le demande, pourquoi pas, mais c’est uniquement sa décision ! Je serais ravie de le faire et de le voir évoluer et prendre de l’expérience… Quand on s’est rencontrés à «The Voice», il ne savait pas tenir un micro, et là déjà, il est sur une scène devant des millions de personnes !
On vous a vu sur tapis rouge de l’Eurovision. Ce n’estpas trop votre truc les mondanités…
En fait, Loïc ne voulait pas me lâcher la main parce qu’on devait faire pas mal d’interviews en anglais, avec des accents différents, et il avait peur de ne pas tout comprendre. J’étais juste là pour le rassurer car il se débrouille pas mal en anglais, aujourd’hui. Moi, j’essaie de m’effacer un maximum parce que certaines personnes disent que je prends trop de place. Pour d’autres, ma présence est tout à fait normale parce que je suis co-auteure. C’est difficile. C’était touchant de voir les journalistes se précipiter sur Loïc pendant cette cérémonie d’ouverture. J’ai même eu droit à «On veut une photo, mais sans ta mère !». Je dois l’encaisser, mais ça m’a fait rire… Honnêtement, ce que je vis ici, est fabuleux !
Vous en pensez quoi de l’Eurovision ?
Si on en revient à l’essence de ce concours de chant européen, c’est une belle idée. Et le thème de l’édition autrichienne «Building brings» (lancer des ponts) remet les points sur les «i». Construire des ponts entre les peuples, unifier l’Europe juste après la guerre, à travers la musique, c’était l’idée. OK, aujourd’hui, le spectacle a pris le dessus, et on a besoin de ce rêve et de ces paillettes. On me connaît pour mon côté extrêmement revendicatrice quand je parle des différences et des communautés, alors, ici, j’applaudis des deux mains et il faut que l’Eurovision poursuive sur cette voie.
Votre pronostic pour samedi ?
Il y a une chanson qui me touche beaucoup, c’est celle dela Hongrie, et aussi celle de la Roumanie, surtout parce qu’il commence son titre dans sa langue. On ne comprend strictement rien à ce qu’il dit mais la sincérité qu’il livre nous en met plein la gu… Et là, je le dis aussi, il faut revenir à l’esprit de l’Eurovision, et partager ce qu’on a envie de faire passer dans sa langue. J’aime bien le fun, mais j’aime aussi les bonnes chansons, et ça c’est du lourd…
Et pour Loïc Nottet ?
Je n’ose pas tenter le diable, mais on a nos chances ! Mon fort intérieur dit qu’il ne faut pas perdre l’envie et partir en se disant qu’on n’a pas la moindre chance. Mon côté coach revient ! «We can do this». Cette chanson est aimée, et les compliments que l’on reçoit, font du bien et donnent de l’espoir.
Vous terminez toujours «The Voice» à la 2eplace du podium, vous n’en avez pas marre ?
Non, parce que j’arrive trois fois sur 4 à être sur le podium.Il y a un petit côté décevant, je reconnais, mais la fierté est que j’arrive jusque là avec des talents que j’estime encore après «The Voice». Si le public choisit quelqu’un d’autres, c’est comme ça ! Et puis la deuxième place se révèle très intéressante dans le programme, on le voit en ce moment. Et cette année, je suis contente d’avoir pu emmener Carmen jusqu’au bout, c’est la première fois qu’une fille va si loin ! C’est quasi miraculeux.
Une saison 5 de «The Voice», vous êtes partante ?
Je dois vous avouer que l’an dernier, j’étais un peu démotivée par l’échec de Loïc Nottet. Ça n’a pas été facile pour moi. On était si proches et j’avais tellement envie qu’il gagne. Mais cette saison-ci m’a reboostée et j’ai repris goût à «The Voice». Alors oui, je serais partante. Mais si la RTBF décidait qu’il faut de la nouveauté dans le jury, je serais triste, mais pas déçue. Je ne suis pas rancunière. C’est leur programme.
Entretien : Pierre Bertinchamps