Vendredi soir, les jurés de professionnels ont donné leurs votes pour les candidats de la finale de l’Eurovision. Télépro vous explique le processus.
Depuis 2009, le jury est réintroduit au Concours Eurovision de la Chanson. Après une petite dizaine d’années de télévoting, les plaintes ont fusé à l’UER, le choix des téléspectateurs semblaient plus guidés par une attache nationale qu’un réel choix artistique. Désormais, ce sont cinq personnes expertes dans le milieu musical qui donnent, dans chaque pays, un vote comptant pour 50% des points attribués. Le solde vient du télévoting.
En 2013 et en 2016, Axel Hirsoux a été membre du jury de professionnels pour l’Eurovision. Petite particularité (voire cas unique), il a officié tant pour la RTBF que la VRT. «Le vote se fait de façon individuelle», explique le chanteur. «Il n’y a pas d’influence d’autres membres du jury.»
À la VRT, les jurés visionnaient l’Eurovision depuis la salle des visions de presse, sur écran géant. Dans les deux cas, la procédure est identique et supervisée par un «huissier» et une société indépendante de l’UER.
Pour le vote, les critères artistiques dominent. «Ce sont des critères de chanson, de voix, de justesse…», poursuit Axel Hirsoux. «En l’ayant vécu, je savais sur quoi j’avais été jugé, c’est-à-dire la voix, la chanson et la performance générale.» Le Courcellois a été juré avant de participer au Concours, et juste après. «En 2013, j’avais envisagé ça plus en fan de l’Eurovision, avec mes propres goûts. L’an dernier, j’avais plus le bagage de l’Eurovision. Je savais ce qui avait été fatal à mon niveau. Dans ce cas, on juge avec un autre regard, celui qui se met à sa place des artistes sur scène.»
Malgré cela, Axel n’a pas été plus dur dans ses notes. «Je crois que j’étais plus dur dans ce que je n’aimais pas, mais c’est drôle, je me suis aussi un peu mis à la place des jurys qui ont dû me juger à Copenhague, en 2014.» Le chanteur précise ne pas avoir trop tenu compte de la robe d’une chanteuse, des performances des danseurs ou le décor. «C’est vraiment l’artistique qui compte. Le choix du show ne dépend pas chanteur. La Russie avait un beau show, mais ça ne m’avait pas touché, l’année dernière», ajoute Hirsoux. «Si j’avais pu choisir, je n’aurais pas mis un fond mauve mortuaire derrière moi, sur le titre « Mother », il y a 3 ans.»
Ses «douze points», Axel les a attribués à «J’ai cherché» d’Amir. «Au-delà du cliché du vote entre voisins, c’est une chanson que l’on connaissait déjà chez nous et la langue française m’a un peu influencé, je l’avoue. Mais, il y avait un renouveau et de la fraîcheur dans la candidature française.» Concernant «1944» de Jamala pour l’Ukraine, Axel Hirsoux n’avait pas tenu compte de l’éventuel message politique, c’est le titre qui l’a réellement envoûté. «À l’Eurovision, on s’occupe trop de politique», rétorque la Courcellois. «C’est avant tout un concours de chant, pas de politique. Je n’avais pas été représenter le Premier ministre au Danemark, quand j’ai fait l’Eurovision en 2014. J’y étais pour défendre mon pays en tant que chanteur.»
À l’intérieur même du jury de professionnels, il n’y a pas forcément une unanimité. «Il y avait des différences, mais fondamentalement, nous étions assez d’accord sur les meilleures chansons.» Les jurés font leur classement de toutes les chansons présentes en demi-finale et en finale, sauf celle de son propre pays. «Le top 10 (les points de 1 à 12, NDLR) général du jury est donné à l’aide un logiciel, en présence d’un huissier.»
Pour bien coter, Axel Hirsoux prenait des notes. «Je mettais des « + » et des « – » devant chaque chanson selon différents facteurs, mais après il y a vraiment une part d’appréciation personnelle.» Le boulot de jury de l’Eurovision peut s’avérer risqué. À la publication des différents votes, le Courcellois a reçu des menaces pour ne pas avoir donné assez de points à certains pays… Il n’y a peut-être pas de politique à l’Eurovision, mais les enjeux semblent aussi important pour certains que des rencontres de foot !
Pierre Bertinchamps