Il y a 30 ans, la Belgique remportait l’Eurovision

Il y a 30 ans, la Belgique remportait l’Eurovision
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le 3 mai 1986, Sandra Kim entrait dans l’histoire de l’Eurovision. Âgée de 13 ans, la Liégeoise offrait la seule victoire à la Belgique. Rencontre avec Pierre Meyer, directeur des divertissements de la RTBF à l’époque.

30 ans après la création de l’Eurovision, on n’y croyait plus ! Mais en 1986, le pep’s et la fraîcheur de la jeune Sandra Kim a séduit l’Europe.

La Belgique remporte le Concours Eurovision, en Norvège. À l’époque, Pierre Meyer était le patron des divertissements sur la RTBF, et chef de la délégation belge. Il a accompagné Sandra Kim et était encore là pour Urban Trad en 2003, où la Belgique termine 2e à 2 points de la victoire…

Comment s’est porté le choix sur «J’aime la vie» en 1986 ?

Oui. La chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’Eurovision est une production exceptionnelle. On n’aurait pas les moyens de faire sur une télévision nationale, ce que l’Eurovision propose. Naturellement, il y a toujours à boire et à manger, mais ça fait partie du jeu. Concernant les votes, en règle générale, le gagnant est parmi les favoris de départ, malgré les votes. Mais pour les deux premiers en général, il y a une unanimité autour d’eux.

Vous avez quitté la RTBF en 2007. Que pensez-vous du format «The Voice» ?

C’est un format qui fonctionne dans beaucoup de pays, alors pourquoi ne pas le faire chez nous ? Et puis on voit le retentissement. C’est bien produit et la presse en fait pas mal état aussi. Il faut se mettre dans l’air du temps. Ce n’est pas mon temps… (Rires)

Entretien : Pierre Bertinchamps

En tant que responsable de ces opérations j’avais toujours l’objectif de gagner. Pour répondre franchement, cette deuxième position, c’est comme si on avait gagné sans les contraintes de l’organisation. J’ai été surpris du succès de «Sanomi».

C’était pourtant un choix en «interne»…

En effet, j’avais voulu déroger à la règle de la finale nationale, après quelques échecs les années précédentes. J’avais en tête de trouver quelque chose dans un style celtique. Par un concours de circonstance, je suis tombé sur ce groupe qui était chez Universal. Je ne le connaissais pas. J’ai été les voir et on m’a répondu : «Il est fou ce Meyer !». Ils n’avaient jamais vu l’Eurovision. Urban Trad était dans le registre plutôt folk. C’était une décision difficile de passer par un choix interne parce que les sélections nationales faisaient beaucoup d’audience. J’ai dû convaincre le directeur de la télé à l’époque. Je dois reconnaître que dans la maison, pas mal s’attendaient à ce que je me casse la figure. Et il ne faut pas oublier que «Sanomi» était un titre dans une langue imaginaire. Une première aussi. Encore fois, je me suis tourné vers l’UER pour savoir si les règlements l’acceptaient. Il y avait un risque, mais j’étais très heureux du résultat final.

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Vous suivez toujours l’Eurovision ?

Oui. La chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’Eurovision est une production exceptionnelle. On n’aurait pas les moyens de faire sur une télévision nationale, ce que l’Eurovision propose. Naturellement, il y a toujours à boire et à manger, mais ça fait partie du jeu. Concernant les votes, en règle générale, le gagnant est parmi les favoris de départ, malgré les votes. Mais pour les deux premiers en général, il y a une unanimité autour d’eux.

Vous avez quitté la RTBF en 2007. Que pensez-vous du format «The Voice» ?

C’est un format qui fonctionne dans beaucoup de pays, alors pourquoi ne pas le faire chez nous ? Et puis on voit le retentissement. C’est bien produit et la presse en fait pas mal état aussi. Il faut se mettre dans l’air du temps. Ce n’est pas mon temps… (Rires)

Entretien : Pierre Bertinchamps

Ce sont deux choses très différentes. La victoire était formidable parce que c’est rare. Après ça, j’ai eu un autre beau succès en 2003, avec Urban Trad. L’organiser était passionnant mais c’était un an de travail non-stop avec une équipe qui a commencé à 3, le lundi 5 mai 1986, et on a terminé à plus de 300 personnes, en mai 1987. C’était exaltant de l’avoir vécu.

En 2003, vous pensiez revenir de Riga avec le trophée ?

En tant que responsable de ces opérations j’avais toujours l’objectif de gagner. Pour répondre franchement, cette deuxième position, c’est comme si on avait gagné sans les contraintes de l’organisation. J’ai été surpris du succès de «Sanomi».

C’était pourtant un choix en «interne»…

En effet, j’avais voulu déroger à la règle de la finale nationale, après quelques échecs les années précédentes. J’avais en tête de trouver quelque chose dans un style celtique. Par un concours de circonstance, je suis tombé sur ce groupe qui était chez Universal. Je ne le connaissais pas. J’ai été les voir et on m’a répondu : «Il est fou ce Meyer !». Ils n’avaient jamais vu l’Eurovision. Urban Trad était dans le registre plutôt folk. C’était une décision difficile de passer par un choix interne parce que les sélections nationales faisaient beaucoup d’audience. J’ai dû convaincre le directeur de la télé à l’époque. Je dois reconnaître que dans la maison, pas mal s’attendaient à ce que je me casse la figure. Et il ne faut pas oublier que «Sanomi» était un titre dans une langue imaginaire. Une première aussi. Encore fois, je me suis tourné vers l’UER pour savoir si les règlements l’acceptaient. Il y avait un risque, mais j’étais très heureux du résultat final.

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Vous suivez toujours l’Eurovision ?

Oui. La chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’Eurovision est une production exceptionnelle. On n’aurait pas les moyens de faire sur une télévision nationale, ce que l’Eurovision propose. Naturellement, il y a toujours à boire et à manger, mais ça fait partie du jeu. Concernant les votes, en règle générale, le gagnant est parmi les favoris de départ, malgré les votes. Mais pour les deux premiers en général, il y a une unanimité autour d’eux.

Vous avez quitté la RTBF en 2007. Que pensez-vous du format «The Voice» ?

C’est un format qui fonctionne dans beaucoup de pays, alors pourquoi ne pas le faire chez nous ? Et puis on voit le retentissement. C’est bien produit et la presse en fait pas mal état aussi. Il faut se mettre dans l’air du temps. Ce n’est pas mon temps… (Rires)

Entretien : Pierre Bertinchamps

C’est aussi un grand souvenir ! Je n’ai jamais reçu autant de courriers de félicitations… Le lundi suivant, j’étais déjà appelé dans le bureau de l’administrateur général, Robert Stéphane. Et sa question était toute simple : «Comment on organise l’Eurovision 1987 ?» J’avais déjà quelques idées puisque j’avais participé à plusieurs éditions précédentes. La salle a rapidement posé un problème. Il y avait plusieurs contraintes : la sécurité, l’accès, l’importance, la capacité, etc… Une équipe a fait le tour des salles belges. À cette époque-là, le pays gagnant organisait tout (aujourd’hui, l’UER donne 13 millions d’euros au pays hôte pour produire l’Eurovision, NDLR) et l’intention était d’une collaboration avec la BRT (ndlr : l’ancien nom de la VRT). De mai à août, nous avons fait le tour de toutes les salles possibles en Belgique. D’Ostende à Liège Coronmeuse, en passant par Forest National… On n’a pas trouvé une salle qui correspondait à 100% aux attentes. Forest National était tout à fait valable, mais il y avait un problème de sécurité à cause du Colruyt, qui ne voulait pas fermer un samedi. À un moment, la BRT s’est désolidarisée du projet. Robert Stéphane a alors décidé de tout faire au Heysel et d’équiper un palais des expositions qui serait transformé en studio de télévision.

Qu’est-ce qui a été le plus fort dans votre carrière : la victoire à l’Eurovision ou l’organisation en 1987 ?

Ce sont deux choses très différentes. La victoire était formidable parce que c’est rare. Après ça, j’ai eu un autre beau succès en 2003, avec Urban Trad. L’organiser était passionnant mais c’était un an de travail non-stop avec une équipe qui a commencé à 3, le lundi 5 mai 1986, et on a terminé à plus de 300 personnes, en mai 1987. C’était exaltant de l’avoir vécu.

En 2003, vous pensiez revenir de Riga avec le trophée ?

En tant que responsable de ces opérations j’avais toujours l’objectif de gagner. Pour répondre franchement, cette deuxième position, c’est comme si on avait gagné sans les contraintes de l’organisation. J’ai été surpris du succès de «Sanomi».

C’était pourtant un choix en «interne»…

En effet, j’avais voulu déroger à la règle de la finale nationale, après quelques échecs les années précédentes. J’avais en tête de trouver quelque chose dans un style celtique. Par un concours de circonstance, je suis tombé sur ce groupe qui était chez Universal. Je ne le connaissais pas. J’ai été les voir et on m’a répondu : «Il est fou ce Meyer !». Ils n’avaient jamais vu l’Eurovision. Urban Trad était dans le registre plutôt folk. C’était une décision difficile de passer par un choix interne parce que les sélections nationales faisaient beaucoup d’audience. J’ai dû convaincre le directeur de la télé à l’époque. Je dois reconnaître que dans la maison, pas mal s’attendaient à ce que je me casse la figure. Et il ne faut pas oublier que «Sanomi» était un titre dans une langue imaginaire. Une première aussi. Encore fois, je me suis tourné vers l’UER pour savoir si les règlements l’acceptaient. Il y avait un risque, mais j’étais très heureux du résultat final.

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Vous suivez toujours l’Eurovision ?

Oui. La chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’Eurovision est une production exceptionnelle. On n’aurait pas les moyens de faire sur une télévision nationale, ce que l’Eurovision propose. Naturellement, il y a toujours à boire et à manger, mais ça fait partie du jeu. Concernant les votes, en règle générale, le gagnant est parmi les favoris de départ, malgré les votes. Mais pour les deux premiers en général, il y a une unanimité autour d’eux.

Vous avez quitté la RTBF en 2007. Que pensez-vous du format «The Voice» ?

C’est un format qui fonctionne dans beaucoup de pays, alors pourquoi ne pas le faire chez nous ? Et puis on voit le retentissement. C’est bien produit et la presse en fait pas mal état aussi. Il faut se mettre dans l’air du temps. Ce n’est pas mon temps… (Rires)

Entretien : Pierre Bertinchamps

Le système a évolué après. J’étais dans le Comité d’établissement des règlements, on a vu l’année suivante, arriver trop de jeunes, et donc il a fallu mettre un article pour garantir que l’artiste a 16 ans dans l’année du concours.

Et sur place, à Bergen, il y avait le même engouement qu’en Belgique pour «J’aime la vie» ?

Directement, la chanson a très bien fonctionné en Belgique. Dès que le titre a été sélectionné, il a été diffusé dans tous les médias, même en Flandre. En plus, il y avait un clip vidéo qui a favorisé le succès. En Norvège, c’était une surprise pour nous ! Quand nous sommes arrivés à Bergen, un nombre incroyable de journalistes nous attendaient à l’aéroport. Parce que Sandra Kim était classée dans les favorites. J’ai passé beaucoup de temps à réguler les demandes des médias, pour que Sandra soit concentrée et pas trop fatiguée pour travailler sa chanson et répéter.

Pendant les votes, comment vous-sentiez-vous ?

C’était un moment exceptionnel. On va à l’Eurovision en espérant toujours être bien classé. Si on est dans les 5 premiers, c’est magnifique. Là, au fur et à mesure des votes, on y croit de plus en plus… Sandra était une jeune fille tout à fait charmante, et je la considérais un peu comme ma fille, qui a d’ailleurs son âge. Je voulais qu’elle soit bien, pas trop inquiète, etc… On faisait plutôt ce qu’elle aimait bien que ce qu’elle n’aime pas pour la mettre le plus à l’aise possible. Sandra était d’un dynamisme inouï…

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Et l’après Eurovision pour Sandra Kim ?

C’était une période exceptionnelle. Sandra a fait le tour des télévisions européennes, le Japon… La suite, après ces deux ans, c’est surtout une question de managing artistique. On lui a fait faire des disques dans des genres musicaux qui n’ont pas eu le succès espéré.

Vous avez encore des contacts avec Sandra Kim ?

Oui, et c’est amusant : on vient encore vers moi pour célébrer ce fameux 3 mai qui m’a marqué professionnellement aussi. Pour le 25 ans, la RTBF a fait une émission spéciale où j’ai pu revoir Sandra Kim. On a pu parler de nos souvenirs, c’était très sympathique.

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Le retour en Belgique s’est fait avec les clefs de l’Eurovision en poche…

Depuis la Norvège, on ne mesurait pas l’impact de cette victoire historique, ici. C’est à Zaventem qu’on s’en est rendu compte. 3.000 personnes attendaient Sandra à la descente de l’avion. Et le service d’ordre était même un peu dépassé par les événements. Il y a eu aussi des «après», comme une invitation au 16, rue de la Loi, chez le Premier ministre Wilfried Martens, avec l’équipe et les compositeurs. Ça ne m’était jamais arrivé avant.

Et à la RTBF ?

C’est aussi un grand souvenir ! Je n’ai jamais reçu autant de courriers de félicitations… Le lundi suivant, j’étais déjà appelé dans le bureau de l’administrateur général, Robert Stéphane. Et sa question était toute simple : «Comment on organise l’Eurovision 1987 ?» J’avais déjà quelques idées puisque j’avais participé à plusieurs éditions précédentes. La salle a rapidement posé un problème. Il y avait plusieurs contraintes : la sécurité, l’accès, l’importance, la capacité, etc… Une équipe a fait le tour des salles belges. À cette époque-là, le pays gagnant organisait tout (aujourd’hui, l’UER donne 13 millions d’euros au pays hôte pour produire l’Eurovision, NDLR) et l’intention était d’une collaboration avec la BRT (ndlr : l’ancien nom de la VRT). De mai à août, nous avons fait le tour de toutes les salles possibles en Belgique. D’Ostende à Liège Coronmeuse, en passant par Forest National… On n’a pas trouvé une salle qui correspondait à 100% aux attentes. Forest National était tout à fait valable, mais il y avait un problème de sécurité à cause du Colruyt, qui ne voulait pas fermer un samedi. À un moment, la BRT s’est désolidarisée du projet. Robert Stéphane a alors décidé de tout faire au Heysel et d’équiper un palais des expositions qui serait transformé en studio de télévision.

Qu’est-ce qui a été le plus fort dans votre carrière : la victoire à l’Eurovision ou l’organisation en 1987 ?

Ce sont deux choses très différentes. La victoire était formidable parce que c’est rare. Après ça, j’ai eu un autre beau succès en 2003, avec Urban Trad. L’organiser était passionnant mais c’était un an de travail non-stop avec une équipe qui a commencé à 3, le lundi 5 mai 1986, et on a terminé à plus de 300 personnes, en mai 1987. C’était exaltant de l’avoir vécu.

En 2003, vous pensiez revenir de Riga avec le trophée ?

En tant que responsable de ces opérations j’avais toujours l’objectif de gagner. Pour répondre franchement, cette deuxième position, c’est comme si on avait gagné sans les contraintes de l’organisation. J’ai été surpris du succès de «Sanomi».

C’était pourtant un choix en «interne»…

En effet, j’avais voulu déroger à la règle de la finale nationale, après quelques échecs les années précédentes. J’avais en tête de trouver quelque chose dans un style celtique. Par un concours de circonstance, je suis tombé sur ce groupe qui était chez Universal. Je ne le connaissais pas. J’ai été les voir et on m’a répondu : «Il est fou ce Meyer !». Ils n’avaient jamais vu l’Eurovision. Urban Trad était dans le registre plutôt folk. C’était une décision difficile de passer par un choix interne parce que les sélections nationales faisaient beaucoup d’audience. J’ai dû convaincre le directeur de la télé à l’époque. Je dois reconnaître que dans la maison, pas mal s’attendaient à ce que je me casse la figure. Et il ne faut pas oublier que «Sanomi» était un titre dans une langue imaginaire. Une première aussi. Encore fois, je me suis tourné vers l’UER pour savoir si les règlements l’acceptaient. Il y avait un risque, mais j’étais très heureux du résultat final.

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Vous suivez toujours l’Eurovision ?

Oui. La chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’Eurovision est une production exceptionnelle. On n’aurait pas les moyens de faire sur une télévision nationale, ce que l’Eurovision propose. Naturellement, il y a toujours à boire et à manger, mais ça fait partie du jeu. Concernant les votes, en règle générale, le gagnant est parmi les favoris de départ, malgré les votes. Mais pour les deux premiers en général, il y a une unanimité autour d’eux.

Vous avez quitté la RTBF en 2007. Que pensez-vous du format «The Voice» ?

C’est un format qui fonctionne dans beaucoup de pays, alors pourquoi ne pas le faire chez nous ? Et puis on voit le retentissement. C’est bien produit et la presse en fait pas mal état aussi. Il faut se mettre dans l’air du temps. Ce n’est pas mon temps… (Rires)

Entretien : Pierre Bertinchamps

À partir d’octobre 1985, nous avons fait un appel à candidatures pour l’Eurovision, et nous avons eu 130 réponses. La méthode que je mettais en place, c’était un jury composé de 12 personnes (6 RTBF, 6 extérieurs). Comme le nombre était important, on prévoyait 3 soirées d’écoutes des candidatures. Le dernier soir, nous devions en garder 12, avec quelques réserves en cas de désistement, pour la sélection nationale qui avait eu lieu en mars 1986.

On sentait déjà le potentiel gagnant de la chanson ?

Une fois qu’elle était sélectionnée dans les 12 finalistes, elle avait un potentiel. Personnellement, parmi les candidatures, le problème que j’avais, c’était le jeune âge de Sandra. J’ai dû vérifier auprès de l’UER s’il y avait un article du règlement qui parlait de l’âge des participants. À l’époque, il n’y avait pas de restriction.

Vous avez créé un précédent…

Le système a évolué après. J’étais dans le Comité d’établissement des règlements, on a vu l’année suivante, arriver trop de jeunes, et donc il a fallu mettre un article pour garantir que l’artiste a 16 ans dans l’année du concours.

Et sur place, à Bergen, il y avait le même engouement qu’en Belgique pour «J’aime la vie» ?

Directement, la chanson a très bien fonctionné en Belgique. Dès que le titre a été sélectionné, il a été diffusé dans tous les médias, même en Flandre. En plus, il y avait un clip vidéo qui a favorisé le succès. En Norvège, c’était une surprise pour nous ! Quand nous sommes arrivés à Bergen, un nombre incroyable de journalistes nous attendaient à l’aéroport. Parce que Sandra Kim était classée dans les favorites. J’ai passé beaucoup de temps à réguler les demandes des médias, pour que Sandra soit concentrée et pas trop fatiguée pour travailler sa chanson et répéter.

Pendant les votes, comment vous-sentiez-vous ?

C’était un moment exceptionnel. On va à l’Eurovision en espérant toujours être bien classé. Si on est dans les 5 premiers, c’est magnifique. Là, au fur et à mesure des votes, on y croit de plus en plus… Sandra était une jeune fille tout à fait charmante, et je la considérais un peu comme ma fille, qui a d’ailleurs son âge. Je voulais qu’elle soit bien, pas trop inquiète, etc… On faisait plutôt ce qu’elle aimait bien que ce qu’elle n’aime pas pour la mettre le plus à l’aise possible. Sandra était d’un dynamisme inouï…

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Et l’après Eurovision pour Sandra Kim ?

C’était une période exceptionnelle. Sandra a fait le tour des télévisions européennes, le Japon… La suite, après ces deux ans, c’est surtout une question de managing artistique. On lui a fait faire des disques dans des genres musicaux qui n’ont pas eu le succès espéré.

Vous avez encore des contacts avec Sandra Kim ?

Oui, et c’est amusant : on vient encore vers moi pour célébrer ce fameux 3 mai qui m’a marqué professionnellement aussi. Pour le 25 ans, la RTBF a fait une émission spéciale où j’ai pu revoir Sandra Kim. On a pu parler de nos souvenirs, c’était très sympathique.

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Le retour en Belgique s’est fait avec les clefs de l’Eurovision en poche…

Depuis la Norvège, on ne mesurait pas l’impact de cette victoire historique, ici. C’est à Zaventem qu’on s’en est rendu compte. 3.000 personnes attendaient Sandra à la descente de l’avion. Et le service d’ordre était même un peu dépassé par les événements. Il y a eu aussi des «après», comme une invitation au 16, rue de la Loi, chez le Premier ministre Wilfried Martens, avec l’équipe et les compositeurs. Ça ne m’était jamais arrivé avant.

Et à la RTBF ?

C’est aussi un grand souvenir ! Je n’ai jamais reçu autant de courriers de félicitations… Le lundi suivant, j’étais déjà appelé dans le bureau de l’administrateur général, Robert Stéphane. Et sa question était toute simple : «Comment on organise l’Eurovision 1987 ?» J’avais déjà quelques idées puisque j’avais participé à plusieurs éditions précédentes. La salle a rapidement posé un problème. Il y avait plusieurs contraintes : la sécurité, l’accès, l’importance, la capacité, etc… Une équipe a fait le tour des salles belges. À cette époque-là, le pays gagnant organisait tout (aujourd’hui, l’UER donne 13 millions d’euros au pays hôte pour produire l’Eurovision, NDLR) et l’intention était d’une collaboration avec la BRT (ndlr : l’ancien nom de la VRT). De mai à août, nous avons fait le tour de toutes les salles possibles en Belgique. D’Ostende à Liège Coronmeuse, en passant par Forest National… On n’a pas trouvé une salle qui correspondait à 100% aux attentes. Forest National était tout à fait valable, mais il y avait un problème de sécurité à cause du Colruyt, qui ne voulait pas fermer un samedi. À un moment, la BRT s’est désolidarisée du projet. Robert Stéphane a alors décidé de tout faire au Heysel et d’équiper un palais des expositions qui serait transformé en studio de télévision.

Qu’est-ce qui a été le plus fort dans votre carrière : la victoire à l’Eurovision ou l’organisation en 1987 ?

Ce sont deux choses très différentes. La victoire était formidable parce que c’est rare. Après ça, j’ai eu un autre beau succès en 2003, avec Urban Trad. L’organiser était passionnant mais c’était un an de travail non-stop avec une équipe qui a commencé à 3, le lundi 5 mai 1986, et on a terminé à plus de 300 personnes, en mai 1987. C’était exaltant de l’avoir vécu.

En 2003, vous pensiez revenir de Riga avec le trophée ?

En tant que responsable de ces opérations j’avais toujours l’objectif de gagner. Pour répondre franchement, cette deuxième position, c’est comme si on avait gagné sans les contraintes de l’organisation. J’ai été surpris du succès de «Sanomi».

C’était pourtant un choix en «interne»…

En effet, j’avais voulu déroger à la règle de la finale nationale, après quelques échecs les années précédentes. J’avais en tête de trouver quelque chose dans un style celtique. Par un concours de circonstance, je suis tombé sur ce groupe qui était chez Universal. Je ne le connaissais pas. J’ai été les voir et on m’a répondu : «Il est fou ce Meyer !». Ils n’avaient jamais vu l’Eurovision. Urban Trad était dans le registre plutôt folk. C’était une décision difficile de passer par un choix interne parce que les sélections nationales faisaient beaucoup d’audience. J’ai dû convaincre le directeur de la télé à l’époque. Je dois reconnaître que dans la maison, pas mal s’attendaient à ce que je me casse la figure. Et il ne faut pas oublier que «Sanomi» était un titre dans une langue imaginaire. Une première aussi. Encore fois, je me suis tourné vers l’UER pour savoir si les règlements l’acceptaient. Il y avait un risque, mais j’étais très heureux du résultat final.

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Oui. La chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’Eurovision est une production exceptionnelle. On n’aurait pas les moyens de faire sur une télévision nationale, ce que l’Eurovision propose. Naturellement, il y a toujours à boire et à manger, mais ça fait partie du jeu. Concernant les votes, en règle générale, le gagnant est parmi les favoris de départ, malgré les votes. Mais pour les deux premiers en général, il y a une unanimité autour d’eux.

Vous avez quitté la RTBF en 2007. Que pensez-vous du format «The Voice» ?

C’est un format qui fonctionne dans beaucoup de pays, alors pourquoi ne pas le faire chez nous ? Et puis on voit le retentissement. C’est bien produit et la presse en fait pas mal état aussi. Il faut se mettre dans l’air du temps. Ce n’est pas mon temps… (Rires)

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