Le bras de fer financier entre le gouvernement israélien et la télévision publique KAN était à deux doigts de coûter l’organisation du prochain Concours Eurovision.
Une édition de l’Eurovision n’est pas un bon cru s’il n’y a pas son lot de dramas (nom donné par les fans aux rebondissements dans l’organisation). Et deux ans après la débâcle en Ukraine, il semble que le millésime 2019 ne sera pas de tout repos non plus pour l’Union européenne de radio-télévision (UER).
La dernière polémique en date remonte au 14 août dernier, où l’UER avait fixé un dernier ultimatum à la télévision israélienne (KAN) de verser 12 millions d’euros de garantie pour la tenue du show. Une somme qui doit couvrir une éventuelle annulation, au cas où la KAN serait dans l’incapacité d’organiser l’évènement, à cause d’une guerre ou d’une catastrophe naturelle. Si l’argent n’arrivait pas sur le compte de l’UER, ce mardi, le prochain Concours Eurovision se ferait ailleurs.
Toute jeune télévision, la KAN s’était tournée vers le gouvernement pour réunir la somme. Mais ce dernier estimait que c’était à la télévision d’avancer les fonds pas à l’État. La chaine rétorqua que si elle bloquait un tel montant, elle devrait procéder au licenciement de plusieurs centaines de personnes et faire des coupes claires dans la production.
Selon plusieurs commentateurs, ce conflit financier s’explique avant tout par l’hostilité de Benjamin Netanyahu envers l’Office de Radio et de Télévision qu’il accuse d’être noyauté par des journalistes «gauchistes». Le Premier ministre n’a pas caché son intention de démembrer cet organisme public qui survit à coups de subventions, pour favoriser les investisseurs privés dans les médias.
A quelques heures de l’échéance, la télévision et le ministre des finances israéliens se sont finalement mis d’accord et c’est bien le gouvernement qui garantira le prêt pour le montant à verser. «KAN considère qu’il est très important pour l’État d’accueillir l’Eurovision en Israël, en terme d’exposition et d’image, mais aussi pour fournir un élan économique, au pays», a précisé la télévision israélienne par communiqué.
Pour l’État Hébreu, l’organisation de toute rencontre sportive ou artistique internationale est en effet célébrée comme une victoire face aux appels au boycott, lancés régulièrement par des groupes pro-Palestiniens actifs dans la campagne dite du BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions)
Plus rien ne devrait mettre des bâtons dans les roues d’Israël en vue d’accueillir l’Eurovision, l’an prochain. Courant du mois de septembre, l’UER et la KAN devraient révéler la ville hôte, ainsi que les dates de l’organisation des trois shows télévisés. Jérusalem, qui avait d’abord les faveurs, devraient céder sa place à Tel Aviv.
Une fois de plus, la politique s’invite à l’Eurovision, et rien ne laisse croire que les débats en resteront là…
Pierre Bertinchamps