Laetitia Huberti (RTBF) : «Les chorales, c’est hyper-tendance !»

Laetitia Huberti (RTBF) : «Les chorales, c'est hyper-tendance !»
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce samedi soir, la RTBF propose la 1re édition du Concours Eurovision des chœurs. Des chorales amateurs vont tenter de décrocher la timbale. Rencontre avec Laetitia Huberti, responsable éditoriale.

La grande famille de l’Eurovision s’agrandit ! Après le Concours Eurovision de la chanson, son équivalent pour les kids (Eurovision junior), l’Eurovision des jeunes musiciens, l’Eurovision des jeunes danseurs et l’Eurovision de la danse (de salon), place à l’Eurovision des chœurs. Ici, neuf formations de choristes amateurs (soit 400 chanteurs!) venus de 9 pays différents (dont la Belgique) vont s’affronter avec leurs voix, et tenter de séduire un jury d’experts présidé par la célèbre diva Elina Garanča, mezzo-soprano.

«On ne la présente plus, et elle va apporter un certaine crédibilité au jury et un petit côté glamour dont on a besoin dans un événement d’une telle ampleur», explique Laetita Huberti, Directrice de Musiq’3 et Responsable éditoriale pour la Belgique de l’Eurovision des chœurs.

Comment est né l’Eurovision des chœurs ?

Je suis membre du Bureau du classique (en télé) pour l’UER. Depuis plusieurs années, nous avions une réflexion sur la manière d’unir nos forces pour créer un événement dans la musique classique qui soit aussi populaire et fédérateur que l’Eurovision de la chanson. On a envisagé plein de pistes différentes… Nous nous sommes rendu compte qu’il existait, chaque année, dans le monde, des grandes réunions de chœurs amateurs. Une fois, c’est une compétition mondiale, l’année suivante, c’est un concours européen (European Choir Games). Ces derniers étaient prévus, à Riga, en 2017. C’est une occasion toute trouvée de venir se greffer sur un événement existant et déjà populaire pour lancer ce dont les télévisions publiques cherchaient. À ce stade, c’est un projet pilote. Et neuf pays, même comparé à l’Eurovision de la chanson, c’est pas mal !

Il n’y aura pas d’autre édition ?

On fera un bilan juste après. Soit le potentiel est là, et on essaie de continuer l’an prochain et va convaincre d’autres services publics de venir. Soit on opte pour un rythme biannuel. C’est ça aussi la force de « Choir of the year », l’événement est là, et il revient en Europe, une année sur deux. On ne repart pas de zéro à chaque fois. Je ne pense pas que l’on va en rester là après une seule édition. Pour juger, il en faudrait deux. La question est de savoir si on repart déjà en 2018 ou si on attend 2019.

C’est un programme télé. Il faut une certaine dynamique pour garder le téléspectateur…

Il n’y a pas de limite de registre. Ça peut très bien être du gospel, comme de la variété ou du classique. Pour la Belgique, nous avons choisi un chœur amateur d’enfants qui sont réputés pour faire dans le registre classique. Mais nous voulions rendre la performance pep’s et dynamique. On laisse tomber leur uniforme habituel pour des t-shirts plus colorés et on a fait appel à Nicolas Dorian, le coach vocal de « The Voice Belgique ». Il va faire un travail de présence scénique. Et dans leur répertoire, on met de coté les chants religieux pour quelque chose de plus moderne : une adaptation de « Ensemble » de Pierre Rapsat. On veut sortir des sentiers battus et de l’attitude traditionnelle et classique des Pastoureaux. L’image sera fraîche et dynamique.

C’est tendance le chant choral ?

C’est incroyable ! C’est fou le nombre de formations qui existe, ne fut-ce qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. Je suis même en train de me demander s’il ne faut pas envisager de refaire sur Musiq’3 un programme sur les chœurs amateurs. On se rend compte que dans les petites villes ou même dans chaque village, il y a des chorales amateurs. c’est une activité hyper-fédératrice. Dans certaines régions d’Europe comme à l’Est ou en Scandinavie, c’est encore plus fort que chez nous.

C’est une belle vitrine pour elles ? Elles ne risquent pas de se professionnaliser ?

Il n’y a aucun risque. Mais c’est une vitrine pour le secteur. La chant choral, ce n’est pas une activité coûteuse qui doit passer par une académie, avec des instruments chers… C’est faire de la musique ensemble. C’est accessible à tous, peu importe d’où on vient et quelle que soit l’éducation reçue. L’objectif, c’est être réuni et chanter.

La VRT ne participe pas au projet ?

A l’inverse de l’Eurovision de la chanson, il n’y a pas eu de demande d’alternance puisqu’à ce stade, seule la RTBF entre dans le projet. Mais si la chaîne flamande veut s’impliquer dans le programme, ils seront les bienvenus, mais il n’y pas eu d’intérêt.

Il y a des objectifs d’audience ?

Non. C’est une diffusion sur La Trois. Le défi est avant tout de participer et d’en faire un chouette projet. On ne s’est pas fixé un objectif d’audience. On espère que ce sera un succès, bien sûr.

Le gagnant de cette année va recevoir les autres télés, l’édition suivante ?

Non, le prix est juste un titre honorifique. Après, on peut envisager une tournée des choristes dans d’autres pays, mais rien n’est encore mis au point au niveau de l’UER.

Est-ce que le classique en télé est porteur ?

J’utilise en télé la même recette qu’à la radio. Je veux casser les codes. Je pense qu’un projet comme « Choir of the year » incarne cette vision aussi. Nous venons de faire 11.000 entrées au Festival Musiq’3 à Bruxelles, avec une moyenne d’age de 45 ans. La somme de ces projets apporte le rajeunissement du public et l’ouverture du classique.

Quelles sont les chances de la Belgique ?

Nous devrions nous démarquer avec un chœur d’enfants. Après, c’est un jury qui désignera les vainqueurs, donc c’est difficile d’avoir une idée sur leurs critères de jugement. Ce qui est sûr, pour Les Pastoureaux, c’est que le fait d’y être, ils sont déjà gagnants !

Entretien : Pierre Bertinchamps

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