Les enfants de l’ex-chef rebelle angolais Savimbi défient « Call of Duty » au tribunal

Les enfants de l'ex-chef rebelle angolais Savimbi défient "Call of Duty" au tribunal
AFP

Dans une affaire inédite, le tribunal de Nanterre a examiné mercredi le recours des enfants de l’ancien chef rebelle angolais Jonas Savimbi, qui estiment que le jeu vidéo à succès « Call of Duty » porte « atteinte à l’honneur » de leur père en le montrant en « brute barbare ».

Trois des enfants Savimbi, installés en région parisienne, ont attaqué en diffamation la branche française, basée à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), de l’entreprise américaine Activision Blizzard, éditrice du jeu de tir, nourri à la violence guerrière.

Devant le tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, ces héritiers entendent « réhabiliter la mémoire et l’image » de leur père, selon l’un des fils, Cheya Savimbi, 42 ans. Ils demandent le retrait de la version du jeu incriminée et un million d’euros de dommages et intérêts.

Seigneur de guerre aussi charismatique que controversé, Jonas Savimbi a dirigé les rebelles de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), lors du conflit contre le colonisateur portugais, puis lors de la guerre civile qui a déchiré le pays à partir de 1975. Longtemps allié des États-Unis face au régime pro-communiste du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), sa mort au combat en 2002 avait mis un terme à 27 ans de guerre civile.

Plus de dix ans après sa mort, Jonas Savimbi a refait surface en allié du héros de « Call of Duty », Alex Mason, et dans son rôle de chef de guerre dans l’opus « Black Ops II », sorti en 2012. Dans une séquence, il apparaît dans le feu des rafales ennemies, haranguant ses troupes depuis un char, lance-grenades à la main, en criant: « Il faut les achever! »

Etienne Kowalski, avocat d'Activision Blizzard, au tribunal de grande instance de Nanterre, près de Paris, le 3 février 2016

Une mise en scène jugée « négative » par les proches de Jonas Savimbi: « Certes, ce fut un chef de guerre, mais parallèlement un leader politique » sur l’échiquier de la guerre froide, « l’ami de Mandela, de Bush, de Reagan », a plaidé à l’audience l’avocate des enfants, Me Carole Enfert.

En face, « Call of Duty » a invoqué « la liberté d’expression », pour un « jeu, une œuvre de fiction qui fait intervenir des faits réels de l’histoire »: « C’était un chef de guerre, il n’y a pas de contestation possible », a fait valoir Me Etienne Kowalski, avocat d’Activision.

Le TGI se prononcera le 24 mars.

« Call of Duty » a déjà mis en scène dans ses fictions historiques Fidel Castro, John F. Kennedy ou encore l’ex-dictateur du Panama Manuel Noriega.

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