Leslie Cable : «Loïc est confiant» (interview)

Leslie Cable : «Loïc est confiant» (interview)
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

C’est le cinquième Eurovision pour la cheffe de délégation RTBF de la Belgique. Avec une 4e place promise à Loïc Nottet selon les bookmakers, Leslie Cable est aux anges, à Vienne !

«Je ne suis pas sur un petit nuage, parce qu’on reste professionnel», précise d’emblée Leslie Cable, productrice de l’Eurovision pour la RTBF et cheffe de délégation belge. C’est elle qui supervise tout ce que Loïc Nottet fait sur place. «C’est très enthousiasmant de vivre l’Eurovision de cette façon-là !»

C’est la première fois que la Belgique est si bien pronostiquée ?

On avait déjà un peu vécu la même chose avec Roberto Bellarosa, en 2013. On avait aussi une bonne chanson. Je fais partie des gens qui sont convaincus que ce seront toujours les meilleures chansons qui vont passer en finale. J’espérais que la théorie serait vraie, il y a deux ans. Et ça a fonctionné. Ici, avec Loïc Nottet, nous avons une bonne chanson, et en plus, il ne stresse pas du tout et il est très sûr de lui. Il a un petit plus, c’est que le concept lui appartient totalement, et ça se ressent sur scène. C’est sa chanson, il l’a composée, il a imaginé les graphismes, le style des vêtements, la choré, etc… Tout lui appartient totalement. Il le vend évidemment mieux que s’il n’était que l’interprète.

C’est quoi une bonne chanson pour l’Eurovision ?

C’est une addition de plusieurs choses. Il y a un bon démarrage, et puis, il doit se passer quelque chose. Elle doit monter et ne pas rester trop linéaire. Sur «Rhythm Inside», c’est le «Rapapap», par exemple. Il y a aussi la présence sur scène, parce que l’Eurovision, c’est de la télé. Un contre-exemple avec Kate Ryan, en 2006, qui avait une chanson extraordinaire, que tout le monde donnait gagnante, et à aucune des répétitions, elle n’a réussi à la vendre. Elle était tellement stressée que ni la choré, ni sa présence, ni sa voix n’allaient. Il faut la totale, et ce n’est pas facile du tout.


Vous avez été convaincue tout de suite quand on vous a présenté «Rhythm Inside» ?


C’est une chanson vraiment moderne, et j’ai été emballée tout de suite. En mars, lors du meeting des chefs de délégation, pas mal d’autres pays ont trouvé ça génial, et ils ont affirmé que Loïc a un charisme incroyable sur scène.

L’association RTBF/Sony, c’est le duo gagnant pour l’Eurovision ?

Sony est une grande major d’une efficacité redoutable, ce qui ça nous permet de travailler sur l’international tout de suite. En plus, c’est la deuxième fois consécutive que l’on collabore sur l’Eurovision, professionnellement parlant. S’il y a une 3e possibilité, je serais partante.

Un bon score à l’Eurovision, ça apporte quelque chose à la RTBF ?

C’est une fierté, d’autant que Loïc Nottet vient de «The Voice Belgique». Et au-delà du fait que je produis les deux programmes, pour la RTBF, nous sommes vraiment dans l’objectif que nous nous étions fixés en diffusant «The Voice», c’est-à-dire promouvoir des talents de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous sommes bien au-delà de nos missions de service public !

Et la Belgique est un petit pays qui généralement passe plus inaperçu dans ce genre de compétition…

C’est vrai que l’engouement chez nous, et c’est pareil en France, n’y est pas autant perceptible qu’ici. Si tout le pays venait sur place, il se rendrait compte de ce qui se passe vraiment. L’Eurovision reste un concours fabuleux avec des talents fabuleux. Et à travers quelqu’un comme Loïc, le regard du téléspectateur sur l’Eurovision peut évoluer. Nous avons fait plus de 25 % de parts de marché lors de la demi-finale, ce qui est énorme.

L’Eurovision retrouve des couleurs ?

Je crois qu’il faut le regarder en s’amusant. Si on le prend trop au sérieux, et c’est comme n’importe quel divertissement, on n’a pas de plaisir.

Dans les coulisses, quelles sont les chances de Loïc ?

C’est la première année que j’ai autant de bons retours (ndlr : Leslie Cable est cheffe de délégation depuis 2005). Entre chefs de délégation, on est cash, et on se dit les choses comme elles sont. Pour Roberto, les réactions étaient juste : «c’est une bonne chanson, tu verras tu seras en finale». Avec Loïc, je vois un engouement très important. Il se dit même que la chanson de la Belgique était première dans beaucoup de pays, mardi soir, auprès du jury.

Et si la Belgique gagne ?

Rien n’est encore prévu. Sincèrement, et c’est la grande qualité des Belges, on restera humble jusqu’au bout…

Et un scénario comme en 2003 où la victoire nous passe sous le nez à 2 points près…


Ce serait horrible…

Loïc Nottet est confiant à quelques heures de la finale ?

Il est confiant, mais il ne se dit pas sans cesse, «je veux gagner !» Il est content de sa chanson et de ce qui lui arrive. Il voit que le public a compris quel genre de personne il est. C’est primordial pour lui. Il ne veut pas être connu pour être connu. Il veut devenir un artiste qui donne ce qu’il a à donner.  À partir de là, il est satisfait.

Un pronostic ?

Une troisième place serait pas mal. Je suis toujours très optimiste, et j’ose le top 3. (Rires)

Juste entre nous… «The Voice Belgique 5», c’est dans la poche ?

Honnêtement, on ne sait pas encore. Il y a eu des réunions de débriefing. Nous sommes satisfaits de la saison et nous avons même pointé les petites choses qui ont été moins réussies et les faiblesses. «TheVoice» reste un format magnifique, et on n’a pas encore trouvé de concept qui l’a détrôné.

De notre envoyé spécial à Vienne : Pierre Bertinchamps

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