RTL tvi frappe fort avec sa nouvelle série «Ceci n’est pas un crime», une coproduction internationale de haute volée. Mais elle prend aussi une risque par rapport à la réalité historique : transformer René Magritte, ce discret «fonctionnaire de la peinture», en héros de polar. Car le véritable Magritte n’était pas un aventurier énigmatique; il était un petit monsieur banal, poli, d’une vie si ordinaire qu’elle en devenait presque surréaliste.
La série, elle, le propulse en détective malgré lui, pris dans une intrigue criminelle qui n’a que peu à voir avec l’homme derrière le chapeau melon.
Mais peut-être est-ce là tout l’intérêt du projet : assumer la fiction, jouer avec l’image plutôt qu’avec la biographie. Magritte disait que ses tableaux cachaient plus qu’ils ne montraient. Ici, les scénaristes appliquent l’inverse, révélant un personnage qui n’a jamais existé.
Après «L’Art du crime» sur France 2, l’exercice séduira ceux qui aiment voir l’art servir de prétexte au divertissement. Il fera grincer les dents des puristes. Mais au fond, n’est-ce pas surréaliste de réinventer un artiste qui n’a cessé de brouiller les pistes ?
Ceci n’est pas Magritte, mais c’est peut-être une façon de célébrer ce qu’il nous a appris : ne jamais croire à la première image.