Un décor pastel, des talons hauts, des sourires figés, un monde parfait, presque sous blister. Et pourtant, derrière la façade, un grondement. La réalisatrice américaine Greta Gerwig a transformé la poupée la plus célèbre du monde en miroir tendu à la société. Reflet déformé, certes. Mais reflet tout de même.
Le film, sorti en 2023, a déconcerté. Moqué par ceux qui n’y ont vu qu’un gadget féministe ou un produit marketing, il a été égratigné par d’autres pour ses demi-mesures, ses prudences, son refus de plonger plus profondément dans la dénonciation du patriarcat. L’attaque est venue de tous côtés sans empêcher le succès planétaire.
En France, une projection en plein air vient d’être annulée sous la pression d’un groupuscule extrémiste. Ailleurs, dans des pays où le rose reste politique, il a été interdit. Peut-être est-ce là le cœur du malaise : « Barbie » interroge.
Quelle place pour Ken quand Barbie pense par elle-même, mais surtout, quand elle pense le monde ? La question, qui n’a rien de révolutionnaire, a pourtant fait tomber la poupée de son piédestal, et quelques certitudes avec elle.
