Une fois de plus, la culture trinque dans le plan d’économies imposé à la RTBF.
Ce n’est pas un scoop : la RTBF doit faire des économies. De grosses économies, pour au moins les cinq prochaines années (c’est la durée de la législature). Et comme d’habitude, on fait des coupes budgétaires à la tronçonneuse.
Pour cette fin de saison, c’est la radio La Prem1ère qui trinque. Le programme des cultures musicales du monde, « Le Monde est un village », va déménager le week-end dans des « créneaux d’audience très porteurs », assure-t-on; « Par ouï-dire » prépare ses cartons pour revenir le dimanche soir; et l’émission de critique culturelle « 5 heures », avec Rudy Léonet et Hugues Dayez, passe à la trappe. Pour cette dernière, c’est le branle-bas de combat sur les réseaux sociaux, au point que la RTBF a sucré la page Facebook (ah oui, ce truc des vilains GAFAM) avant même la diffusion de la dernière émission, ce vendredi soir…
La chaîne publique parle de coût de production élevé, Rudy Léonet rétorque en expliquant que pour tenter de maintenir le programme, il avait consenti à diminuer sa pige de 12 %, et qu’en soi, « 5 heures » ne coûte pas très cher et réalise une meilleure part d’audience que la moyenne de la station. Mais la RTBF reste sourde.
Plus globalement, c’est une fois de plus la culture qui va faire les frais du manque de financement… On est loin de l’année 2010, où lors de la création de La Trois, la RTBF nous vendait une meilleure vitrine pour la culture (et ses obligations de service public) en Communauté française. Les émissions culturelles (« Hep Taxi », « Sous couverture »,…) arrivaient en prime time. Le rêve absolu ! Quinze ans plus tard, ces programmes – s’ils existent encore – sont diffusés en 2e voire 3e partie de soirée, juste après des rediffusions de magazines de France Télévisions.
On peut aussi évoquer les Magritte du cinéma relégués sur Auvio, depuis cette année. Est-ce qu’en France, Delphine Ernotte (patronne de France Télé) pourrait appeler Rachida Dati (ministre de la Culture) pour la prévenir qu’au vu des audiences désastreuses de la cérémonie des Molières, en 2026, il faudra aller regarder la remise des prix du théâtre français sur la plateforme SVOD France.tv ?
Chez nous, culture et télévision ne font plus bon ménage depuis bien longtemps. Les opérateurs culturels se plaignent du peu de place que leur donne la RTBF, et cette dernière fait un peu la moue quand il faut (quand même bien) qu’on les mette en valeur sur ses antennes. Il est vrai que l’institution publique préfère utiliser sa dotation pour courir derrière les éditeurs privés sur le digital. C’est dit !