Pierre Bertinchamps
L’Eurovision sous pression
La neutralité et la diplomatie légendaire des Suisses ne semblent pas apaiser les tensions à l’Eurovision.
L’édition 2024 du Concours Eurovision de la chanson à Malmö a laissé des traces. À l’issue de l’événement, le maire de la ville suédoise déclarait ne plus vouloir accueillir les festivités dans de telles conditions sécuritaires, alors que la Suède est considérée comme la « Capitale de l’Eurovision ». La présence d’Israël dans la compétition cristallise toujours les tensions et, cette année encore, plusieurs délégations demandent un débat sur sa participation.
Même ce dimanche à Bâle, lors de la cérémonie d’ouverture du 69e Eurovision, les manifestants se sont fait entendre, et les drapeaux palestiniens – pour rappeler le drame qui a lieu au Proche-Orient – étaient très largement visibles dans la foule.
« L’Eurovision doit rester apolitique », c’est ce qu’assène l’UER (Union européenne de radiotélévision) et les organisateurs. Et pour bien le rappeler, il est demandé aux artistes de ne plus afficher autre chose que le drapeau de leur pays. Fini les drapeaux des communautés LGBTQIA+ ou celui d’une région (Flandre, Catalogne, Iles Féroé…) sur scène. En contrepartie, le public obtient plus de souplesse…
Si on met de côté les conséquences de la présence de l’État hébreux (ou si on cache la problématique sous le tapis), dès ce mardi soir, la fête de la culture européenne va battre son plein, pendant six jours dans la ville rhénane. Les téléspectateurs qui prennent le concours au sérieux ne seront pas déçus; il y en aura pour tous les goûts en matière de musique, et les autres qui y voient le show « du grand n’importe quoi »… ils seront comblés par l’imagination débordante de certains directeurs artistiques.
Avec une chanson sur la tradition des saunas en Scandinavie, les Suédois sont « hyper-favoris », l’émouvante chanson sur la maman de Louane pourrait ramener un trophée à Paris qui désespère depuis 1977, et même la « Boum Boum » flamande de Red Sebastian est bien cotée chez les bookmakers. Cette édition aura sans aucun doute son lot de surprises…
Enfin, cet Eurovision n’aura plus été aussi francophile depuis les années 1990. La France, la Suisse, le Luxembourg, les Pays-Bas, Israël et l’Australie feront un clin d’œil à la langue de Molière. Et 23 pays sur les 37 en lice chanteront dans leur langue nationale, alors que depuis près de trente ans, on nous disait qu’il fallait chanter en anglais pour mieux se faire entendre.
Serait-ce ça le fameux « miracle suisse » ?
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