Depuis la rentrée, Léa Salamé est sous le feu des critiques pour ses débuts au 20 heures de France 2. Chaque mot, chaque regard, chaque hésitation est commenté, moqué ou amplifié sur les réseaux dits sociaux.
Avant de prendre ses fonctions l’été dernier, la journaliste ne cachait pas ses craintes : elle savait que la moindre erreur serait scrutée, ne serait-ce qu’à cause de sa relation avec l’homme politique de gauche Raphaël Glucksmann ou de son physique qui sort des canons de l’audiovisuel («J’ai les dents en avant, le nez un peu long, des kilos en trop. Je l’accepte», avait-elle concédé dans Libération, avouant qu’elle avait fait à ses débuts des complexes par rapport à ses collègues blondes aux yeux bleus).
Oui, tout n’est pas parfait, mais qui le serait à sa place ? Présenter le JT, c’est un marathon quotidien, une machine exigeante. C’est comme le dernier maillon d’un relais au 4×400 mètres : c’est à elle de terminer au mieux le travail d’une équipe derrière elle, sans toujours pouvoir maîtriser les événements.
Ses détracteurs oublient que Léa Salamé tente d’apporter une touche d’énergie et de modernité à l’exercice, à l’heure où la défiance à l’égard des médias a rarement été aussi grande. Sinon, autant mettre une animatrice virtuelle générée par intelligence artificielle, chargée de réciter les textes qu’on lui dicte…
Plutôt que de juger trop vite sur des petits loupés, laissons-la s’installer, trouver son ton. Le public finira sans doute par voir ce qu’elle incarne déjà : une journaliste humaine, passionnée et courageuse. À l’image de Nathalie Maleux, honorée mardi soir en direct par ses collègues de la RTBF pour ses 25 ans de JT, Léa Salamé mérite que son professionnalisme soit reconnu à sa juste valeur. Un jour, nul doute qu’elle y parviendra.