Visée par deux plaintes des enfants d’Alain Delon, notamment pour harcèlement moral, Hiromi Rollin s’est exprimée vendredi par la voix de son avocat pour « contester » les faits dénoncés par la famille dans le huis clos de la propriété de l’acteur à Douchy-Montcorbon (Loiret).
La discrète sexagénaire « conteste l’intégralité des faits qui lui sont reprochés et qui ont été largement diffusés dans la presse », a écrit son avocat Me Yassine Bouzrou dans un communiqué transmis à l’AFP, au lendemain de l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Montargis.
Qualifiée de « dame de compagnie » d’Alain Delon par la famille de l’acteur, ce dernier l’avait présentée comme sa « compagne japonaise » lors d’un entretien en 2021 sur TV5 Monde.
Selon l’avocat des enfants Delon, Me Christophe Ayela, Mme Rollin « n’a de cesse d’isoler Alain Delon de ses proches, de ses amis, et de sa famille, en usant de manœuvres et de menaces » depuis l’accident vasculaire cérébral de l’acteur en 2019.
Dans le documentaire de TV5 Monde, le monstre sacré du cinéma avait pourtant loué la présence de Mme Rollin « tout au long de (sa) convalescence ». Elle avait depuis été aperçue à ses côtés lors des obsèques de Jean-Paul Belmondo, en septembre 2021 et plus récemment, en mai, à l’avant-première d’un film de son fils Alain-Fabien.
Jean-Pierre Lécluse, ancien projectionniste à Montargis, s’est souvenu pour l’AFP de cette soirée à Châteaurenard (Loiret). Depuis 22 ans, le retraité se rendait plusieurs fois par mois dans la propriété d’Alain Delon pour y projeter des films, à la demande de l’acteur. Jusqu’à ce que les interventions cessent il y a trois ou quatre mois, selon lui.
« Quand j’étais devant chez lui, elle ne voulait pas m’ouvrir. Elle me disait qu’il n’était pas là, alors que je savais qu’il était là », a-t-il expliqué à l’AFP.
« J’ai été invité (…) pour la projection du film d’Alain-Fabien. J’ai vu M. Delon et je lui en ai fait part. Il a regardé la dame d’un drôle d’air. Je lui a ai donné mon nouveau numéro de téléphone, elle a pris le papier à M. Delon. Il lui a repris pour lui montrer que c’est lui qui décidait », a-t-il raconté.
Expulsée de la propriété
Selon des informations du Parisien, confirmées à l’AFP de sources concordantes, l’ancienne assistante de réalisation dans plusieurs films d’Alain Delon dans les années 1980 et 1990 a été expulsée mercredi de la grande demeure de Douchy-Montcorbon.
Son avocat Me Bouzrou a fait savoir que la sexagénaire entendait déposer plainte « contre des membres de la famille Delon et des gardes du corps pour les violences volontaires aggravées (…) constatées par un certificat médical ».
Le jour-même, le parquet de Montargis avait confirmé avoir été le « destinataire de deux plaintes de la famille Delon » à l’encontre de Mme Rollin.
Dans la première, les trois enfants Delon, Anthony, Anouchka et Alain-Fabien dénoncent « l’attitude dénigrante et agressive » de Mme Rollin à l’encontre de leur père notamment, ainsi que « ses agissements tendant à capter à son profit les courriers et messages téléphoniques » de l’octogénaire. Selon le parquet, M. Delon s’y est associé « par déclaration signée et jointe à la plainte ».
Une seconde plainte avait été déposée lundi à Paris par le fils aîné, Anthony notamment pour des faits de violence sur personne vulnérable et abus de faiblesse.
Icône du 7e art avec des films comme « Le Guépard », « Plein soleil » et « Le Samouraï », Alain Delon s’est fait rarissime au cinéma depuis la fin des années 1990. Il vit retiré de la vie publique dans sa propriété du Loiret.
Acteur à la filmographie exceptionnelle, il a vu ces dernières années son image ternie par ses prises de positions en faveur de la peine de mort, ou sur l’homosexualité, qualifiée de « contre-nature ».
Il était revenu goûter aux lumières du tapis rouge à Cannes en mai 2019 pour recevoir une Palme d’or d’honneur, entre larmes et discours aux accents testamentaires, quelques semaines avant son AVC.