Antonio Banderas : «Hollywood est devenu une marque, ce n’est plus un lieu»

Antonio Banderas : «Hollywood est devenu une marque, ce n'est plus un lieu»
AFP

« Je dois sortir ma fille de Hollywood, car ce n’est pas ça la réalité », raconte Antonio Banderas, facétieux et détendu. « Hollywood n’est plus un lieu, c’est une marque », ajoute la star espagnole, qui incarnera bientôt Picasso et est à l’affiche du prochain Terrence Malick.

Le « latin lover » a raconté à un groupe de journalistes le défi d’incarner un pirate dans « Bob l’éponge », sa randonnée dans le Machu Picchu avec sa fille, et pourquoi il veut s’installer à New York.

Q: Vous jouez un pirate dans « Bob l’éponge, le film: un héros sort de l’eau », l’adaptation au grand écran du dessin animé phénomène, qui sort vendredi en Amérique du nord (le 18 février en France). Racontez-nous cette expérience?

R: Les pirates sont intéressants à jouer car ce sont des anticonformistes, des libertaires. Et ce pirate n’est pas seulement pirate. C’est une histoire dans l’histoire. Et en plus, c’est aussi un cuisinier (il tient une baraque de plage qui fait des hamburgers). Je n’étais pas très au fait de « Bob l’éponge » mais j’ai réalisé à quel point c’est un phénomène mondial, et qu’il n’y a pas que les enfants qui aiment ce personnage. Du point de vue du tournage par ailleurs, ça a été plutôt éprouvant: on me collait cette énorme barbe et des sourcils sur le visage à partir de huit heures du matin avec une colle à l’éther qui me faisait planer, ça me démangeait le visage, la perruque pesait quatre kilos, il y avait le chapeau, des couches de daim et de velours pour le costume, le tout tourné dans l’humidité de la Géorgie (sud-est des Etats-Unis) en été. Pour jouer, il fallait se battre devant un écran vert avec des petites créatures imaginaires qui foncent sur vous à l’écran mais qui n’existent pas quand on tourne.

Q: « Shrek », « Le chat potté », « Bob l’éponge »… Vous tournez souvent dans des films pour enfants. Vous jouez aussi souvent des rôles comiques comme dans « Expendables 3 ». Avez-vous gardé un esprit d’enfant?

L'acteur Antonio Banderas pose le 4 août 2014 à Londres

R: J’imagine. Quand on a 25 ans on ne veut pas être assimilé à un enfant, on veut être l’homme, mais j’ai 54 ans alors c’est bien de dire qu’on a un esprit d’enfant. Je ne suis pas quelqu’un de cérébral, je suis quelqu’un de sensoriel. Ce que je respire, ce que je touche, ce que je mange. C’est très important pour moi, la sensualité. Dès que j’arrive à Malaga (d’où Antonio Banderas est originaire, ndlr), la première chose que je fais c’est d’aller respirer l’océan.

Q: Vous tournez dans le monde entier. Vous aimeriez revivre un jour à Malaga?

R: J’ai une maison à Malaga, j’adore Malaga, j’adore mon pays parce que quand les choses y vont mal je souffre et quand elles vont bien je savoure. Mais revivre à Malaga… Non. Je vais probablement déménager à New York (et quitter Los Angeles où il vivait avec son ex-femme Melanie Griffith, ndlr). Cette année j’ai tourné en Argentine, en Colombie, j’ai été au Pérou avec ma fille pour visiter le chemin de l’Inca, et le Machu Picchu. C’était éprouvant et merveilleux, c’est une randonnée à 4.000 mètres, mais c’était une expérience fantastique à cette période de ma vie. On s’est promis avec ma fille que nous ferions un voyage comme ça chaque année, juste elle et moi. Je dois la faire sortir d’Hollywood, car ce n’est pas la réalité. Je ne tourne pas le dos à Hollywood. Hollywood n’est plus un lieu, c’est devenu une marque. Si Robert de Niro tourne en Afrique du sud, ça reste un film d’Hollywood, car c’est un acteur reconnaissable avec le « tampon » d’Hollywood, un visage reconnaissable. J’ai envie de vivre à New York parce que c’est plus européen. On peut marcher. On ne sait pas qui est riche ou pas. La vie culturelle est vibrante, dans les conversations aussi, c’est à six heures d’avion de l’Espagne et à 5 heures de Hollywood. Los Angeles est une très belle ville, mais c’est la quintessence de la ville américaine. Moi je suis très européen. J’ai besoin de trottoirs.

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