La police cambodgienne est allée jusqu’à invoquer l’aide d’Interpol pour localiser l’internaute ayant osé modifier avec Photoshop une photo de la Première dame, la montrant jambes écartées.
Le cliché modifié n’a en soi rien d’indécent pour des yeux occidentaux, mais au Cambodge, comme dans d’autres pays d’Asie du sud-est, la bienséance veut que les femmes se tiennent pieds joints.
La photo montrant Bun Rany, la femme de l’autoritaire Premier ministre Hun Sen, en pantalon orange, les pieds écartés, sur une photo de vacances avec son époux et leurs petits-enfants est devenue virale sur les réseaux sociaux au Cambodge, avant d’être retirée.
Ironie de l’histoire, elle est toujours visible dans l’album photo de la page Facebook officielle de Hun Sen, qui a récemment investi les réseaux sociaux pour tenter de moderniser son image.
Il y a quelques jours, Hun Sen avait décidé de reproduire sur Facebook la photo modifiée sur Photoshop, accusant ses adversaires politiques « extrémistes » d’en être à l’origine et les mettant en garde contre des poursuites.
Celles-ci sont désormais lancées, la police ayant identifié l’auteur de l’outrage comme « vivant à l’étranger », a déclaré mardi le général Khieu Sopheak, porte-parole du ministère de l’Intérieur.
« Nous travaillons avec Interpol à l’émission d’une notice rouge », demande internationale d’arrestation habituellement diffusée par l’organisation policière pour des faits graves, a-t-il assuré.
Hun Sen, âgé de 63 ans, ne donne aucun signe de vouloir desserrer son étreinte sur le pouvoir, dans un pays où le chef de l’opposition, Sam Rainsy, a dû récemment s’exiler à l’étranger pour échapper à la prison.
L’entrée tardive de Hun Sen sur la Toile, avec outre sa page Facebook une application mobile dédiée, lui a valu des sarcasmes, notamment de ceux dénonçant le côté factice de l’image qu’il tente de construire d’une figure paternelle sympathique.
La réaction des autorités cambodgiennes à cette photo modifiée montre les limites de l’ouverture du régime à l’ère des réseaux sociaux et des critiques en ligne.
Un jeune homme a ainsi été arrêté récemment pour avoir prédit la mort de Hun Sen, après celle en août d’un autre pour appel sur Facebook à une « révolution de couleur ». Un sénateur d’opposition a également été arrêté pour avoir posté sur Facebook un carte controversée de la frontière.