Le rappeur provoque de nouveaux remous en menaçant de tabasser une chanteuse et d’en violer une autre sur son dernier album. Mais, l’âge aidant, il aime maintenant expliquer ses débordements verbaux.
À l’occasion des fêtes (mais pas vraiment dans l’esprit de Noël), Eminem sort un double album, « Shady XV », avec sur le premier des compilations de nouveaux morceaux et sur le deuxième, des musiciens signés par son label Shady Records.
Eminem, ou plutôt son alter-ego Slim Shady, y menace la chanteuse Lana Del Rey de lui mettre deux coups de poing dans la figure. Une allusion à un joueur de foot américain qui avait assommé sa petite amie d’un coup de poing dans un ascenseur… sous l’oeil d’une caméra de surveillance.
Dans « Vegas », Eminem va encore plus loin en évoquant le viol d’une étoile montante du hip-hop, l’Australienne Iggy Azalea, sur fond de riff de guitare.
Ces paroles ont provoqué une nouvelle vague d’indignation, cette fois-ci relayée et amplifiée à la vitesse de la lumière par les réseaux sociaux. Pour ses critiques, la misogynie du chanteur est insupportable même si le rappeur explique qu’il se fait seulement l’interprète du personnage de « Slim Shady ».
Sur Twitter Azalea ne s’est pas laissé intimider et s’est moquée du vieux rappeur (Eminem a 42 ans) en écrivant: « fatiguée de ces vieux qui menacent des jeunes femmes pour en faire un genre de divertissement ».
La chanteuse de 24 ans a trouvé les paroles particulièrement dérangeantes parce que son petit frère de 14 ans est un grand fan d’Eminem. « Et maintenant l’artiste qu’il admire dit qu’il veut me violer, Bravo ! », a-t-elle tweeté.
Trop tard pour tout recommencer
Ces paroles très violentes, Eminem en a donné l’habitude à ses fans comme à ses détracteurs mais en alternant avec des périodes plus contemplatives et de réconciliation tout au long de sa carrière.
Le plus bel exemple en est la relation, ô combien difficile, avec sa mère, qu’il a menacée en chanson avant de s’excuser.
Dans la même veine, il a fièrement affiché son homophobie avant de finalement faire une sorte de mea culpa.
Sur « Shady XV », Eminem use de sa technique de narration favorite qui est un dialogue entre lui et son alter ego « Slim Shady » et réfléchit à haute voix à l’héritage qu’il laisse.
Dans « Guts Over Fear », Eminem montre une nouvelles fois son talent pour le mot juste à une cadence infernale et avoue: « il est trop tard pour tout recommencer ».
« Les médias ont fait de moi l’équivalent d’un Gengis Kahn contemporain / J’ai essayé de leur dire que ce n’était que du spectacle, mec », dit-il des critiques qu’il a essuyées au début de sa carrière.
Et dans ce qui pourrait être compris comme des excuses, ou du moins une explication, à Lana Del Rey ou à Iggy Azalea, il lâche: « Ca me brise le coeur de voir toute la douleur que j’ai causée. Mais je vais faire quoi quand je n’aurais plus la rage? ».