Florence Arthaud, houleuse est la vie

Yachtswoman and race committee member Florence Arthaud prepares for the Jules Verne "Around the World in 80 Days" Trophy race. The race not raced until 1993. | Location: Trinite sur Mer, France. (Photo by Eric Préau/Sygma via Getty Images) © Sygma via Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Jeudi à 20h50, avec le film «Flo», La Trois nous embarque à bord de la vie de Florence Arthaud, skippeuse française de caractère.

Ce fut d’abord un livre, « La Mer et au-delà », signé par un collègue marin reconverti en romancier, Yann Queffélec, avant de devenir « Flo », premier long métrage de Géraldine Danon, très contesté par la famille du principal sujet : Florence Arthaud. Dix ans après sa mort, retour sur le parcours hors du commun d’une sportive qui a vu sa vie chavirer plus d’une fois.

Mille milliards de coups durs

Tout au long de son existence, Florence Arthaud, née en 1957 à Boulogne-Billancourt, connaîtra de douloureuses tempêtes intimes. En 1974, à 17 ans, elle frôle la mort dans un violent accident de voiture. En tout, elle passera deux ans en convalescence, avec l’angoisse d’une certitude assénée par les médecins : elle ne pourra jamais plus pratiquer de sport. Florence Arthaud leur prouvera le contraire.

En 1986, alors qu’elle est en lice pour la course mythique de la Route du Rhum, elle décide de dérouter pour porter secours à un collègue, Loïc Caradec qui, quelques heures plus tôt, avait lancé un appel de détresse. Florence parvient à repérer le voilier à la dérive, mais le corps de son ami navigateur ne sera jamais retrouvé.
En 2001, Jean-Marie, le frère aîné de la navigatrice, lui aussi marin, se donne la mort à l’âge de 45 ans. Dans un récit posthume paru en 2015, « Cette nuit, la mer est noire » (Éd. Arthaud), elle confie : « j’ai perdu des amis très chers, mais aucune douleur n’égalera celle de la perte de mon frère Jean-Marie. »

La première des premières

En 1990, celle à qui l’hôpital prédisait une vie forcée à la sédentarité remporte la Route du Rhum, devenant la première femme à réaliser cet exploit à bord de son trimaran, Pierre Ier, en 14 jours, 10 heures, 8 minutes et 28 secondes. Plus tard, « la petite fiancée de l’Atlantique » expliquera avoir envisagé l’abandon à cause d’une forte hémorragie survenue durant sa traversée. L’on apprendra qu’il s’agissait d’une fausse couche. Trois ans après cet événement, elle deviendra finalement mère en donnant naissance à Marie, fruit de ses amours avec Loïc Lingois, navigateur lui aussi.

Bonne étoile… filante

En 2011, alors qu’elle navigue au large de la Corse, avec pour seul compagnon son chat, Florence Arthaud passe par-dessus bord en pleine nuit. La géolocalisation de son téléphone étanche permet son sauvetage in extremis alors qu’elle est en état avancé d’hypothermie. « Ce n’était pas mon jour, il y a eu un vrai miracle », confiera-t-elle. Miracle qui, hélas, ne se réitéra plus. En 2015, la presque sexagénaire se lance un nouveau défi : participer à l’émission d’aventures de TF1, « Dropped », réunissant différents sportifs en Argentine. Le lundi 9 mars, alors que Florence, la nageuse Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine sont à bord d’un hélicoptère, ce dernier entre soudainement en collision avec un second appareil. Les deux engins transportaient en tout dix personnes, il n’y aura aucun survivant. 

Cet article est paru dans le Télépro du 11/12/2025

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