La duchesse de Devonshire, la dernière et la moins excentrique des six sœurs Mitford qui avaient défrayé la chronique londonienne dans les années 40, s’est éteinte mercredi à 94 ans.
Son fils, le duc de Devonshire, a annoncé le décès de Deborah Vivien Cavendish, dite « Debo », aristocrate pur jus et familière de la reine Elizabeth II. Elle avait fréquenté Winston Churchill et le président américain John Fitzgerald Kennedy, a été peinte par Lucian Freud et assumait son sobriquet de « Duchesse ménagère ».
Son foyer était un château du 17e siècle, Chatsworth House, perdu dans la campagne anglaise mais qu’elle a ouvert à des centaines de milliers de visiteurs, loué pour de nombreux films et séries télévisées et rentabilisé grâce à la vente de produits dérivés.
Parmi ceux-ci, les œufs de ses poules, l’autre passion de sa vie après Elvis Presley dont elle collectionnait les disques et les souvenirs.
Née Deborah Freeman-Mitford, elle avait épousé en 1941 Andrew Cavendish, avant qu’il ne devienne le 11e duc de Devonshire.
Deborah s’était attelée à l’âge de 90 ans à la rédaction de ses mémoires, intitulées « Wait for me » (Attendez-moi), une référence à son enfance passée à courir derrière ses grandes sœurs.
Elle avait à cœur de redorer le blason de sa famille et de présenter sous un jour plus favorable ses sœurs aînées, selon elle, maltraitées par les journalistes.
Diana Mitford (1910-2003), épouse du dirigeant fasciste britannique Oswald Mosley, a passé une partie de la Seconde guerre mondiale derrière les barreaux en raison de ses idées extrémistes.
Unity (1914-1948) était elle obsédée par Adolf Hitler, au point d’avoir émigré en Allemagne. Après la déclaration de guerre du Royaume-Uni à l’Allemagne, elle tente de se suicider. Miraculée, elle survivra neuf ans avec une balle dans la tête.
C’était elle qui avait invité Deborah à boire le thé en présence d’Hitler, une expérience qui fit scandale et dont celle-ci ne gardera pas le meilleur souvenir.
« Si vous êtes assis dans une pièce avec Churchill, vous êtes parfaitement consciente de son incroyable charisme. Kennedy avait ça aussi. Pas Hitler. En tout cas pas à mon goût », confia-t-elle dans une interview à la BBC.
Jessica (1917-1996) avait pris fait et cause pour la cause républicaine pendant la guerre d’Espagne, avant d’émigrer aux Etats-Unis où elle s’est employée à défendre les droits civiques et le communisme.
Nancy (1904-1973) fut une romancière à succès qui a popularisé la famille, tandis que seule Pamela (1907-1994) a vécu une existence paisible et rurale.