Derrière la caricature souvent moquée, la plus grande chanteuse de country (79 ans) est bien plus qu’une coiffure blonde crêpée et une poitrine opulente. Portrait ce dimanche soir sur Arte à 22 h 40.
Beyoncé reprend ses hits sur scène, Taylor Swift l’admire et Miley Cyrus est fière d’être sa filleule. Dolly Parton, 79 ans et 60 décennies de carrière, est une icône. Car l’auteure-compositrice conte dans chaque chanson des histoires tristes ou révoltées. Sa personnalité altruiste confère à son répertoire un supplément d’âme porté haut et fort par une voix où l’on perçoit éclats de rires et de larmes. C’est sa propre histoire qui lui a donné cette vibration-là.
Blonde mais pas idiote
Née dans le Tennessee en 1946, Dolly Rebecca Parton vit dans une famille de douze enfants, avec un père métayer illettré et une mère au foyer, dans une maison sans électricité ni eau courante. Tous mangent au gré des maigres ou bonnes récoltes agricoles. Dolly trouve sa joie et sa voie à l’église où elle chante. Son oncle Bill lui offre une guitare et, même si ce sont les hommes qui priment dans la région, lui consacre du temps en lui apprenant la musique.
Féministe sans l’être
La future star observe la vie rude des femmes de cette époque, souvent traitées plus bas que terre. Se défendant d’être féministe, car elle aime les hommes et loue le courage de son père, l’interprète de « Jolene » va cependant injecter dans son répertoire des œuvres évoquant des épouses placées de force en asile par leurs maris (« Daddy Come and Get Me »), des grossesses non désirées (« The Bridge ») ou la dépression post partum (« Down from Dover »). Et parle des moqueries visant son propre corps (« Dumb Blond » : blonde stupide).
Redoutable businesswoman
Celle qui dit s’être inspirée d’une clocharde de son quartier pour se créer un look excentrique, impose sa féminité avec outrance dès ses débuts. Et, derrière, cache une force insoupçonnée : Dolly Parton est une redoutable businesswoman. D’abord star en duo avec le chanteur de country Porter Wagoner, elle quitte vite celui-ci, jaloux de son charisme – il la poursuivra en justice pour rupture de contrat -, et protège toutes ses chansons grâce aux droits d’auteurs. Issue d’un milieu rural macho, Dolly en sait autant que ces messieurs en affaires. Elle refusera ainsi de céder un large pourcentage de ses royalties à Elvis Presley qui souhaitait reprendre son hit « I Will Always Love You ». Et en tirera des bénéfices mirobolants plus tard, quand Whitney Houston le remettra au goût du jour avec la BO du film « Bodyguard ».
Grand écran
Des films, Parton en tourne aussi. Dont « Potins de femmes » et le trop méconnu en Europe « 9 to 5 » (« Comment se débarrasser de son patron » en VF) où, avec Jane Fonda et Lily Tomlin, elle séquestre son PDG sexiste et harceleur. La chanson éponyme du long métrage (sortie en 1980) est claire sur ses revendications : « Travailler de 9 à 17, quelle façon de gagner sa vie ! Ils se servent de votre esprit et ne vous accordent jamais de crédit. Je veux progresser, mais le patron ne semble pas me laisser faire. »
Philanthrope
Luttant toujours pour l’autonomie et la dignité des minorités, Dolly ouvre dans sa région d’origine le parc d’attractions Dollywood qui crée de nombreux emplois, puis l’Imagination Library qui fournit des livres aux enfants et une fondation caritative. Récompensée en 2022 par la Médaille Carnegie de la Philanthropie, elle déclare : « Ce monde est tellement fou. Il est important que chacun fasse sa part pour aider son prochain. Si je vois un besoin et si je peux le combler, je le fais avec mon cœur. »
Cet article est paru dans le Télépro du 7/08/2025.