Intemporelle Kate Bush

À la sortie de son premier album, en 1978, Kate Bush a seulement 20 ans. L’âge de ses auditeurs d’aujourd’hui ? © Getty Images

Kate Bush a fasciné toute une génération dans les années 1980. Quarante ans plus tard, elle séduit un nouveau public.

Avant de découvrir le portrait de « la sorcière du son » (« L’Odyssée musicale de Kate Bush », vendredi à 22h25 sur Arte), coup de projecteur sur ses débuts audacieux et son retour remarqué.

Influences familiales

Catherine Bush naît le 30 juillet 1958 à Bexleyheath, au sud de Londres, au sein d’une famille aisée. Mais la plus grande richesse de celle-ci reste la curiosité artistique. Son père l’initie au piano dès ses 11 ans. Une révélation ! Elle pratique plusieurs heures par jour et enregistre ses propres titres sur un magnétophone. À 13 ans, elle a déjà composé une centaine de chansons. Plus tard, elle puisera dans les origines de sa mère, ex-danseuse de folk irlandais, pour insuffler une atmosphère mystique à ses chansons. Certaines ont d’ailleurs été enregistrées à Dublin aux côtés d’experts en musique traditionnelle. Son frère Paddy, multi-instrumentiste, a participé à l’introduction de sonorités expérimentales dans ses morceaux, lui suggérant des instruments atypiques comme le didgeridoo, la mandoline ou la balalaïka. Son autre frère, Jay, photographe et poète, assiste sa petite sœur dans l’écriture et la recherche visuelle de ses œuvres.

Succès immédiat

La cadette de frères collectionneurs de vinyles leur doit ses connaissances éclectiques. Et plus encore : en 1973, Paddy lui fait rencontrer David Gilmour. Le guitariste des Pink Floyd devine le potentiel de cette voix haut perchée. Les maisons de disques se montrent frileuses. Gilmour finance donc lui-même une session d’enregistrement pour Kate, qu’il présente au label londonien EMI. En 1976, Kate signe son contrat. L’année suivante, elle entre en studio pour enregistrer son premier album, « The Kick Inside ». Sorti en janvier 1978, le single « Wuthering Heights » (inspiré des « Hauts de Hurlevent » d’Emily Brontë) tourne en boucle sur les ondes. Grâce à ce titre, imposé malgré les réticences de son label, elle devient la première femme autrice-compositrice et interprète à se hisser au sommet des charts au Royaume-Uni. Au milieu du disco, du reggae et du punk qui font danser l’Angleterre, Kate se démarque. À seulement 20 ans, cet ovni musical est déjà une méga-star.

Artiste rare

En avril 1979, Kate part en tournée. Mêlant musique, danse, mime, magie et cabaret, elle offre à ses fans un show inédit. « The Tour of Life » sillonne l’Europe durant six semaines. L’artiste sort épuisée de ces vingt-huit représentations. Les interviews et la vie sur la route l’angoissent. Il faudra attendre trente-cinq ans avant de pouvoir assister à nouveau à l’un de ses concerts. En 2018, elle donne vingt-deux représentations de « Before the Dawn » à l’Eventim Apollo de Londres. Les 80.000 tickets sont vendus en moins d’un quart d’heure. Il faut dire qu’entre les deux shows, Kate n’a pas chômé. Ses dix albums studios, parus entre 1978 et 2011, ont tous caracolé dans le Top 10 britannique.

Retour remarqué

Des décennies après ses premiers succès, Kate Bush continue de captiver. En 2022, une nouvelle génération la découvre grâce à la quatrième saison de « Stranger Things ». Max, l’une des héroïnes de cette série ancrée dans les eighties, écoute en boucle « Running Up That Hill ». Le titre est catapulté au sommet des classements mondiaux. Notamment au Royaume-Uni, où il entre dans le livre Guinness des records : celui du plus long délai entre la sortie d’une chanson (1985) et son arrivée à la première place. Sur Spotify, le taux d’écoute bondit de 8.700 %. En 2023, la chanson franchit le cap du milliard de streams, devenant la première chanson des années 1980 interprétée par une femme à atteindre ce seuil. 

Cet article est paru dans le Télépro du 2/10/2025

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