MHD, le rappeur parisien en pleine ascension, est depuis jeudi soir en détention provisoire, mis en cause dans l’enquête sur l’agression mortelle d’un jeune en juillet lors d’une rixe entre bandes à Paris, des faits pour lesquels il « conteste toute implication ».
Après quarante-huit heures de garde à vue, l’artiste parisien de 24 ans, Mohamed Sylla, de son vrai nom, a été présenté au juge d’instruction qui l’a mis en examen pour « homicide volontaire ». Selon son avocate Elise Arfi, il « conteste toute implication dans cette rixe » survenue le 6 juillet, « sa présence sur le lieu des faits n’étant pas avérée ».
Elle a annoncé qu’elle ferait appel de son placement en détention provisoire, au regard notamment de ses « garanties de représentation » et de l' »absence d’antécédent judiciaire », selon un communiqué transmis dans la soirée.
Connu notamment pour un tube à la gloire du PSG, ce rappeur plébiscité des jeunes avait été placé en garde à vue mardi matin à la demande du magistrat parisien en charge de l’enquête, en même temps que trois autres suspects, eux aussi mis en examen pour les mêmes faits, a précisé l’avocate, jointe par l’AFP.
Au coeur de l’été, un jeune de 23 ans avait succombé à un passage à tabac et à une blessure à l’arme blanche dans le Xe arrondissement de la capitale, « un règlement de compte entre bandes du Xe et du XIXe arrondissement » qui avait impliqué une quinzaine de personnes, selon une source proche de l’enquête.
« Plusieurs jeunes du XIXe étaient descendus sur le Xe en mode +opération punitive+ », a relaté cette source. Or ce jour-là, la voiture du rappeur, originaire du XIXe arrondissement, aurait été aperçue sur les lieux.
Depuis 2009, la préfecture de police de Paris a mis en place une « cellule de suivi du plan bandes » pour faire face à ce phénomène de groupe, qui inquiète depuis plusieurs années les autorités.
– Son « véhicule utilisé » par d’autres? –
Elise Arfi assure, elle, que le jeune homme n’a « jamais été impliqué dans des conflits entre bandes rivales ». La version qu’elle défend est que le « véhicule appartenant à monsieur Sylla a été utilisé par des individus, identifiés par les enquêteurs comme auteurs de cette agression mortelle ».
« Dès qu’il en a eu connaissance », Mohamed Sylla s’était rapproché du juge d’instruction courant juillet par l’intermédiaire de son avocat, ajoute-t-elle. Il a alors fait savoir « qu’il se tenait à la disposition de la justice pour expliquer les circonstances dans lesquelles son véhicule avait pu être utilisé » sur les lieux, développe l’avocate.
Plusieurs rappeurs français ont apporté leur soutien sur les réseaux sociaux à « leur frère » MHD depuis son placement en garde à vue. Ainsi, Naza a posté sur instagram « Force mon frérot » suivi d’un émoticône avec deux mains jointes en prière et d’un cœur et Black M lui a souhaité « force et longue vie », également sur la plateforme instagram, plébiscité par les plus jeunes.
En octobre, le rappeur avait été à l’origine de l’ouverture d’une enquête de la police des polices (IGPN) après avoir publié une vidéo dans laquelle son « grand frère » était pris à partie lors d’une interpellation. La police affirmait de son côté avoir interpellé cet homme, ainsi qu’un autre, après « des outrages et des menaces ».
MHD, inventeur autoproclamé de l' »afro-trap », rap festif aux influences africaines, est notamment connu pour son tube « Afro Trap Part. 3 (Champions League) », hymne à la gloire du PSG, et pour son premier album éponyme, certifié triple disque de platine en France et disque de platine à l’export. Il s’était lancé dans la musique en 2015, alors qu’il était livreur de pizza, propulsé par les réseaux sociaux.
Son concert prévu mercredi soir à Amsterdam au Pays-Bas, a dû être annulé. Il est programmé le 29 mars à l’AccorHotels Arena (Bercy), pour la tournée avec son deuxième album « 19 » sorti en septembre qui affiche des collaborations avec Orelsan, Dadju ou encore Salif Keïta.
MHD avait cependant affirmé au cours du même mois sur Snapchat vouloir quitter la musique. « Plus envie de rien, plus envie de musique », écrivait-il.