Le romancier britannique Martin Amis est mort vendredi dans sa résidence de Floride à 73 ans, ont annoncé samedi le prix littéraire Booker Prize et plusieurs médias.
« C’était l’un des auteurs les plus acclamés et commentés ces 50 dernières années », a affirmé l’institution du prestigieux prix littéraire britannique.
Sa femme, l’écrivaine Isabel Fonseca, avec laquelle il a eu deux filles, a indiqué au New York Times et au Guardian que l’auteur de « Money, Money » (1984) et « London Fields » (1989) était mort des suites d’un cancer de l’œsophage.
Son décès est survenu le jour de la présentation à Cannes d’un film inspiré de son livre « La Zone d’intérêt » (2014), qui porte le même nom et a été réalisé par Jonathan Glazer.
Ayant pour cadre Auschwitz, le roman raconte l’histoire d’un officier nazi qui s’est épris de la femme du commandant du camp d’extermination.
La « zone d’intérêt » était l’appellation utilisée par les nazis pour décrire la zone de 40 kilomètres carrés entourant le camp de concentration d’Auschwitz.
L’éditeur Vintage Books s’est dit « dévasté » par la mort de M. Amis. « Il laisse un héritage impressionnant et une trace indélébile sur le paysage culturel britannique, et il nous manquera énormément », a déclaré Vintage sur son compte Twitter.
Né en 1949 au pays de Galles, Martin Amis a redéfini la littérature britannique de fiction des années 1980 et 1990 avec des romans au style sombre et mordant.
Après avoir obtenu en 1971 un diplôme d’anglais à l’université d’Oxford, il a travaillé comme critique littéraire avant de publier son premier roman, « The Rachel Papers », en 1973.
C’est avec « Money, money », publié en 1984 que Martin Amis s’est fait connaître. Avec un humour très mordant, il y dénonce l’appât du gain dans la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher et aux Etats-Unis sous Ronald Reagan.
« Je suis partout dans mes livres »
L’écrivain a rapidement surpassé la notoriété de son père, le romancier britannique Kingsley Amis, avec ses livres qui mêlent humour et mélancolie.
Il a notamment écrit un livre sur la tragédie du 11-Septembre, intitulé « Le deuxième avion », regroupant articles, nouvelles et essais.
Le Britannique a été nommé deux fois pour le Booker Prize en 1991 pour « La flèche du temps » et en 2003 pour « Chien Jaune ».
Les années 1990 marquent l’apogée de sa carrière littéraire, même s’il est taxé de misogynie et, plus tard, d’islamophobie – des accusations qu’il a toujours fermement rejetées.
Outre sa dizaine de romans, il a publié deux recueils de contes et huit ouvrages de non-fiction.
« Le roman est un portrait incroyablement intime d’un écrivain », a déclaré l’écrivain à la BBC en revenant sur sa carrière.
« Bien que je n’écrive pas d’autobiographie, je suis partout dans mes livres. »
Au cours des dernières décennies, il est devenu un intellectuel notoire, apparaissant fréquemment à la télévision, parfois aux côtés de son ami de longue date Christopher Hitchens, écrivain britannico-américain de renom décédé en 2011.
Le Times l’a désigné en 2008 comme étant l’un des cinquante plus grands écrivains britanniques depuis 1945.