Elle a le show dans la peau, fréquentant studios de cinéma et scènes internationales depuis toujours.Avec une voix puissante. Et un charisme presque surnaturel.
Il est des existences dont on se dit qu’elles ont été écrites par le Ciel. Liza Minnelli est née en 1946, des amours de Vincente Minnelli, réalisateur des comédies musicales les plus mythiques d’Hollywood (« Un Américain à Paris », « Gigi », « Tous en scène »), et de Judy Garland, héroïne du féerique « Magicien d’Oz » et diva à la voix d’or qui a gravé dans les cœurs la chanson « Over the Rainbow ». De pareil terreau gorgé de talent ne pouvait naître qu’une jolie plante aux futures longues jambes – parfaites pour danser les claquettes -, au nez retroussé, déjà prêt à dire au public : « Suivez-moi ! », et aux immenses yeux noirs qui dévorent ce qui passe autour d’elle.
Quand Liza est en coulisses avec maman – qui l’a prénommée ainsi car « ce sera parfait sur une affiche ! », elle s’imprègne de sa générosité scénique. Lorsqu’elle est sur les genoux de papa dans de grands studios aux décors multicolores, la fillette suit chaque geste de stars légendaires : Gene Kelly, Fred Astaire, Cyd Charisse. Un milieu fascinant pour la gamine, figurante dès 2 ans dans « Amour poste restante ».
Concerts, palaces et pilules
Comme toute histoire merveilleuse nécessite une part d’ombre, ses parents divorcent quand Liz a 5 ans. Sa mère, de plus en plus accro aux drogues, l’emmène, avec ses deux autres chérubins nés d’un second mariage, dans ses tournées. Ils vivent dans des palaces où l’aînée s’occupe des repas… en appelant le room service !
Judy Garland, ex-enfant star exploitée par sa génitrice et la MGM, a travaillé dur, avalant des pilules pour être d’attaque, pour dormir et se réveiller. Elle fait des crises de nerfs, mais sa fille au joyeux caractère ne lui en veut pas : toutes deux se réconcilient à coups de tendres effusions. Et c’est Liza qui a choisi de suivre sa maman au gré de ses shows.
Lors des vacances, Vincente, son père, l’emmène où elle veut. Consciente des ragots qui salissent ses parents, l’ado apprend à en faire fi, s’appliquant à devenir à son tour un monstre sacré. Elle étudie à la High School of Performing Arts, lycée que l’on voit dans le célèbre film « Fame ». À la sortie, une fabuleuse carrière l’attend.
La scène à tout prix
Liza électrise la scène, reçoit un Tony Award dès 1972 pour le concert télévisé « Liza with a « Z » », immortalisé par le grand Bob Fosse, qui l’amène à décrocher un Oscar, l’année suivante, avec le film choc « Cabaret ». Son père assiste à son triomphe, mais sa mère n’est plus là, emportée, à 47 ans, en 1969, par une overdose. Liza connaîtra aussi les drogues, pour tenir face au succès, et les cures de désintox. Pourtant, « the show must go on ». L’artiste authentique et investie martyrise son corps à chaque spectacle. Peu importe. Venue au Bozar de Bruxelles en 2006, elle en est ressortie à bout de force, soutenue par deux techniciens. Mais rayonnante puisque les planches sont son salut.
Cet article est paru dans le Télépro du 24/07/2025.