La statue de Cristiano Ronaldo se dresse, imposante, entre les palmiers du front de mer, ode à la gloire de l’enfant du pays parti conquérir la planète foot et lieu de culte pour ses fans de passage à Funchal, capitale de l’île portugaise de Madère.
C’est avec toute sa famille, dont sa mère Dolores Aveiro, que l’attaquant exceptionnel de 29 ans a inauguré fin décembre cet hommage en bronze de 800 kg et de 3,40 m de haut, dont certains internautes et visiteurs ont moqué un short trop moulé.
« Ronaldo ne serait pas où il est sans sa maman », raconte Francisco Afonso, le tout premier entraîneur du jeune Cristiano dans le petit club local CF Andorinha. « Elle l’a rejoint à Lisbonne alors qu’il voulait tout laisser tomber et rentrer à Madère », après avoir été recruté, à onze ans, par le Sporting.
Aujourd’hui, c’est lui qui fait vivre sa mère et sa famille, dont une partie est restée sur son île natale pour entretenir la légende. Son frère, Hugo Aveiro, est à la tête du musée dédié au footballeur, situé dans un bâtiment surplombant le port de Funchal.
A l’intérieur, les fans s’extasient devant les deux ballons d’or (2008 et 2013), pièces maîtresse de la collection. « Ronaldo, c’est le numéro un, il sait jouer au ballon et construire le jeu comme personne », s’exclame Victor Melendez, un Espagnol de 29 ans.
Derrière les vitrines, quelque 160 trophées retracent l’impressionnante carrière du joueur: ses débuts au CF Andorinha, son passage par le Nacional de Madère et son départ pour le Sporting. Puis, à 18 ans, son envol pour Manchester, avant d’être acheté par le Real Madrid à 24 ans pour 94 millions d’euros, aujourd’hui encore le transfert le plus cher de l’histoire.
Vers un troisième Ballon d’Or
Pour son premier coach, qui a aujourd’hui 75 ans, Ronaldo « a toujours eu la capacité de lire le jeu et, surtout, il s’entraînait plus que les autres ».
Au milieu des récompenses exposées au musée, un visiteur de 45 ans venu du centre du Portugal, Joao Nascimento, se fait photographier avec le double de cire de Ronaldo. « Cette année, il va remporter son troisième ballon d’or », pronostique-t-il.
« S’il ne le gagne pas, il n’y a pas de justice dans le football! », affirme carrément Nuno Viveiros, un cousin du joueur de 32 ans, employé du musée qu’il fait volontiers visiter aux touristes.
Ouverte il y a un an, la galerie de 400m2, financée par « CR7 » lui-même, a déjà attiré 100.000 visiteurs, tous prêts à débourser les 5 euros du billet d’entrée.
Outre les trophées prestigieux (Soulier d’or européen, meilleur buteur de la Ligue des champions…), ce temple à la gloire du joueur rassemble quelques lettres de fans, des maillots dédicacés et même certaines pièces insolites, comme ce trophée de « 2e super buteur Sodebo » remporté lors du Mondial minimes de Montaigu, en Vendée (ouest de la France), en 2001.
Origines modestes
Vedette au Real Madrid, Ronaldo est aussi le héros de tout un peuple, avec 52 buts marqués en 118 matches pour la seleçao portugaise. Au sommet de sa gloire, le sportif « n’a jamais oublié ses origines », affirme sa mère.
Pourtant, sur les hauteurs de Funchal, dans le quartier populaire de Santo Antonio où la star a grandi, il ne reste plus rien de la maison de son enfance.
Après la mort en 2005 du père du footballeur, José Dinis Aveiro, le logement social a été rasé par la mairie et remplacé par un minuscule parking avec vue sur la mer.
C’est dans ce quartier que courait, pieds nus, le jeune Cristiano, disputant des parties de foot avec ses cousins, de trois ans ses ainés, qui admiraient son talent.
Les voisins n’ont cependant pas tous gardé le meilleur souvenir du joueur d’exception. « Depuis qu’il est une vedette, Ronaldo nous a oubliés », déplore Filipe, la vingtaine, originaire du quartier.
Mais pour Francisco Afonso, son premier entraîneur, Cristiano Ronaldo « restera pendant longtemps le meilleur représentant de Madère dans le monde ».