Mario Girotti, son nom est Terence Hill

L’acteur n‘a jamais laissé personne lui dicter sa conduite © Mondadori Portfolio/Archivio Marco Piraccini/Marco Piraccini/Mondadori via Getty
Alice Kriescher Journaliste

Lundi à 23h30, Arte consacre un documentaire à l’une des plus grandes icônes du western spaghetti : Terence Hill.

Timide et tourmenté, Terence Hill, de son vrai nom Mario Girotti, a trouvé dans le septième art une passion salvatrice. Mû par une éthique personnelle rare à Hollywood, l’acteur n’a jamais consenti à sacrifier ses valeurs pour quelques dollars de plus, quitte à, parfois, risquer sa carrière.

Traumatisme initial

Son pseudo très américain tend à nous le faire oublier, pourtant, Terence Hill est bien né à Venise, en 1939, de père italien et de mère allemande. L’enfance de Mario Girotti se déroule néanmoins loin de toute « dolce vita », dans la bourgade allemande de Lommatzsch. En février 1945, le jeune garçon assiste à la destruction de Dresde, toute proche de son village. Ce bombardement des troupes alliées, l’un des plus longs et meurtriers de la Seconde Guerre mondiale le traumatisent. Il cherchera son père pendant deux jours, avant de le retrouver vivant, et en fera des cauchemars jusqu’à l’âge de 30 ans.

Terence + Bud = succès

Réfugié sur le sol italien avec ses proches, Terence est repéré lors d’un casting à l’âge de 12 ans et interprète Gianni dans « Vacanze col gangster », de Dino Risi, premier rôle d’une longue série. En 1963, il partage l’affiche avec Alain Delon et Claudia Cardinale dans « Le Guépard ». Quatre ans plus tard, il fait une rencontre déterminante sur le tournage de « Dieu pardonne… moi pas ! », celle de son futur acolyte, Carlo Pedersoli, alias Bud Spencer, avec qui il tournera presque une vingtaine de films. Ces deux-là vont former l’un des duos les plus drôles de l’histoire du cinéma et révolutionner le western spaghetti. Dans les années 1970 et 1980, ils squattent le sommet du box-office européen.

En 1973, dans « Mon nom est personne », dont le scénario est notamment signé Sergio Leone, Terence Hill ravit à nouveau les propriétaires de salles obscures : plus de 5 millions d’entrées en France. « Une star est née, qui a la beauté d’Alain Delon et l’insolence joyeuse de Belmondo », écrit Alexandre Alfonsi, auteur de la biographie « On l’appelle Terence Hill » (2023, Carlenco éditions).

Acteur, mais pas à tout prix

Terence Hill est une vedette internationale, certes, mais il n’entend pas subir les affres qui vont souvent de pair avec ce statut. C’est un comédien joyeux, heureux d’exercer son métier, qui ne boit pas, ne fume pas et pratique le yoga avant chaque prise.

Autre particularité, il refuse catégoriquement d’interpréter des personnages violents à l’écran. Terence Hill, aujourd’hui 86 ans, s’est ainsi payé le luxe de refuser Rambo et ses futurs 125 millions de dollars de recettes, a repoussé un rôle dans un remake de « King Kong » et a tourné le dos à « Superman ». Même lorsque Freddie Fields, producteur surpuissant de Los Angeles, a menacé d’anéantir sa carrière s’il refusait le rôle d’un violeur dans un de ses films, l’acteur n’a pas sourcillé.
« Lorsqu’on est célèbre, on a la responsabilité de son public », a-t-il expliqué. « Je voulais absolument être un acteur, mais comme je l’entendais. » 

Le saviez-vous ?

• Il se murmure que Terence Hill, malgré ses 86 ans, devrait tourner, cette année, « Mon nom est personne 2 ».
• Son pseudo est un double hommage au poète latin antique Térence et aux initiales de sa mère Hildegard Thieme.

Cet article est paru dans le Télépro du 29/5/2025

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