Le rappeur Orelsan, rejugé pour injure et provocation à la violence envers les femmes dans plusieurs de ses textes, a été relaxé jeudi par la cour d’appel de Versailles, qui invoque la « liberté d’expression ».
La cour a jugé que « sanctionner » les chansons incriminées « reviendrait à censurer toute forme de création artistique inspirée du mal-être, du désarroi et du sentiment d’abandon d’une génération, en violation du principe de la liberté d’expression ».
A l’audience, en décembre, l’avocat général n’avait pas formulé de réquisitions, s’en remettant à la cour.
Dans leur décision, les magistrats soulignent que le rappeur de 33 ans, Aurélien Cotentin de son vrai nom, « n’a jamais revendiqué » publiquement « la légitimité des propos violents, provocateurs ou sexistes tenus par les personnages de ses textes qu’il qualifie lui-même de «perdus d’avance» ».
En outre, ajoutent les juges, « une écoute exhaustive et non tronquée de ses chansons permet de réaliser qu’Orelsan n’incarne pas ses personnages » et que la « distanciation » entre eux est « évidente ».
« Orelsan est ravi, apaisé, soulagé », a déclaré l’avocat de l’artiste, Me Simon Tahar, saluant une « reconnaissance du caractère presque absolu de la liberté de création et de la liberté artistique » et « les termes extrêmement forts » de la cour, « qui ne laissent place à aucune équivoque ».
« C’est une très grande déception », a réagi pour sa part Me Alain Weber, avocat des cinq associations féministes qui poursuivaient le rappeur, dénonçant des textes « d’une violence inouïe ». « Nous verrons si nous formons un pourvoi » en cassation, a-t-il ajouté.
Il s’agissait du troisième procès pour l’artiste dans ce dossier. En 2013, le tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné à 1.000 euros d’amende avec sursis pour certains des passages litigieux.