Ramzy Bedia : «Je remercie le ciel !»

Ramzy Bedia © Prod.

Dans le thriller de Lucas Belvaux, «Les Tourmentés» (adapté de son roman éponyme, en salles dès ce mercredi), l’acteur offre une nouvelle et épatante facette de son éventail de jeu.

Max (Ramzy Bedia) est chargé par sa riche patronne passionnée de chasse de lui trouver un « gibier ». Ce sera Skender (Niels Schneider), ex-légionnaire désenchanté. Mais entre les deux hommes, tous deux ex-mercenaires, rien ne se passera comme prévu…

Vous venez de la comédie. Redoutiez-vous d’aborder ce film dramatique ?

Oui, forcément. Avec la comédie, on se cache derrière des personnages drôles. Dans le drame, il faut se dévoiler. J’ai tellement de pudeur et un tel manque de confiance en moi que j’avais peur d’y aller. Mais quand un cinéaste comme Lucas Belvaux vous propose ce rôle, on met la crainte de côté.

Vous aviez déjà tourné avec Niels Schneider…

C’est un ami depuis le tournage de la série de Xavier Giannoli, « D’argent et de sang » (2023). Il est plus aguerri dans ce registre. Je débute, j’écoute en bon élève consciencieux et humble. Désormais, chaque film est un défi car j’accepte enfin de sortir de ma zone de confort. C’est plus stressant, mais plus excitant.

Max, votre personnage, est attachant malgré son passé tourmenté…

Le pauvre, il s’accroche à la vie. Et je l’aime parce que je suis comme lui. Pour moi, on n’a qu’une seule vie et cela me pousse à ne rien gâcher. Si je m’embrouille avec quelqu’un, je fais le premier pas pour me réconcilier. S’excuser n’est pas une faiblesse.

À propos de vie, le film pose un question cruciale : que vaut celle d’un homme » ?

Les deux protagonistes ont vu la mort en face. Ce qu’endurent les légionnaires est pire que tout ce que l’on peut imaginer ! Il est donc difficile ensuite d’avoir encore foi en l’humain. Pour Skender, c’est fichu. Quant à Max, mon personnage, il tient grâce à son goût pour l’art. Il est sauvé par le beau, voit le verre à moitié plein. Je suis comme lui, il faut rester optimiste.

Le récit interroge aussi sur la masculinité d’aujourd’hui. Cette remise en question moderne vous laisse-t-elle perplexe ?

J’ai sept sœurs et trois filles. À l’ère #MeeToo, quand un type ignoble paie pour ses bassesses, je dis : « Bien fait pour lui ! » Mes sœurs m’ont raconté certaines des réflexions ou des attitudes machistes auxquelles elles ont été confrontées. C’est inacceptable ! Mais toutes les femmes de ma famille me demandent d’être un homme fort et respectable. Il faut trouver le juste équilibre entre le gros « relou » et le gars poli. Au même titre que j’ai besoin de mon épouse, celle-ci doit pouvoir compter sur un type bien qui protège la famille. Et quand je ne vais pas bien, ma mère me dit : « Allez viens, tu recharges tes batteries et sois un homme ! »

Beaucoup de cinéastes disent vous choisir car vous avez à la fois la virilité et la sensibilité…

Je me rends compte de cela peu à peu. C’est grâce à toutes mes femmes ! Je deviens un mec viril grâce aux filles, alors que pour beaucoup d’autres mecs, c’est l’inverse.

Entre vos prestations dramatiques et vos rôles comiques, votre cœur balance ?

La comédie est plus énergivore. Dans une fiction sombre, on s’en remet au réalisateur, c’est lui qui nous indique quoi faire et comment le faire. Avec un film drôle, c’est l’acteur qui donne tout et si ça ne marche pas dès la première prise, le stress s’accumule. On cogite, on s’inquiète. Voilà pourquoi je déteste les acteurs qui ne s’y sont jamais essayés et nous traitent de clowns. C’est énervant. Mais je remercie le ciel de pouvoir à la fois émouvoir et faire rire les gens.

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