Alors que Rod Stewart s’apprête (peut-être ?) à mettre un point final à une carrière de soixante ans, Arte s’interroge (ce mercredi à 22h30) : comment ce multimillionnaire a-t-il pu garder un lien si fort avec les classes populaires ?
Revenons sur le parcours du chouchou des Britanniques, dont la voix rocailleuse et la coupe en pétard ont traversé les époques et les genres musicaux.
Beatnik
Bien avant de pousser la chansonnette, Roderick David Stewart pousse son premier cri le 10 janvier 1945 à Londres, au sein d’une famille d’origine écossaise. Rod n’est pas le plus brillant de sa classe. Il est plus intéressé par la musique, qu’il découvre à l’âge de 12 ans lorsque son père lui offre sa première guitare. Et par le sport : à 15 ans, il se rêve footballeur pro. Mais les essais avec le FC Brentford le laissent sur la touche. Il n’en fera pas son métier, mais gardera une profonde passion pour le ballon rond. À 17 ans, après avoir accumulé les petits boulots – dont celui de fossoyeur ! -, il s’inspire du roman « Sur la route » de Jack Kerouac et embarque son sac à dos pour un tour d’Europe. Le beatnik sillonne les quais de la Seine et les ruelles de Rome avant de se faire expulser d’Espagne pour vagabondage.
Groupe vs solo
De retour à Londres, alors qu’il joue de l’harmonica dans un métro, il est découvert par le bluesman Long John Baldry qui en fait son choriste. En 1966, il rejoint The Shotgun Express. Le succès est minime. Mais les musiciens remarquables : on y retrouve Mick Fleetwood et Peter Green, futurs membres de Fleetwood Mac. L’année suivante, il délaisse le rythm & blues pour le hard rock et met sa voix éraillée au service du Jeff Beck Group, dans lequel joue de la guitare un certain Ronnie Wood, futur Rolling Stones. Le succès est au beau fixe, contrairement à l’ambiance. En 1969, le groupe se dissout juste avant sa participation à Woodstock. Stewart et Wood rejoignent alors Ronnie Lane, Ian McLagan et Kenney Jones pour former The Faces jusqu’en 1975. En parallèle, Rod se lance dans une carrière solo.
Des hauts et des bas
« Lady Day », « Maggie May », « You Wear It Well » … Les tubes s’enchaînent. Rod Stewart devient une superstar. Quand la vague disco envahit le monde, le rockeur ébouriffé se laisse porter. Virage réussi en 1978 avec le succès mondial « D’Ya Think I’m Sexy », issu de l’album « Blondes Have More Fun ». Des blondes justement, il en fréquente beaucoup. Et l’éternel séducteur fait plus souvent la une de la presse à scandale que celle des magazines musicaux. À la fin des années 1990, l’interprète de « Sailing » n’est pas loin du naufrage. Ses disques n’ont plus autant de succès, son épouse – Rachel Hunter, mannequin de 24 ans sa cadette – le quitte mais surtout, on lui diagnostique un cancer de la thyroïde. L’opération est une réussite, il évite la chimiothérapie. Avec soulagement. « Si nous faisions un classement des menaces à la survie de ma carrière, perdre mes cheveux arriverait second, juste derrière perdre ma voix », a-t-il ironisé.
On the Road Again
À partir de 2002, il retrouve le succès grâce à cinq albums de reprises des standards du jazz. Il faut attendre 2013 pour que paraisse « Time », son premier album original en deux décennies. Trois ans plus tard, anobli par Elizabeth II, le chanteur peut se targuer de se faire appeler « Sir Rod ». Alors que ses disques sortent à rythme régulier, fin 2024, Rod annonce arrêter les tournées mondiales. « Mais je n’ai aucune envie de prendre ma retraite », précise-t-il sur Instagram. Depuis le début de cette année, à 80 ans, Rod the Mod arpente donc une dernière fois les routes d’Amérique, d’Europe et d’Asie avec « One Last Time ». Pour se consacrer ensuite à des salles plus intimes ? Lui-même l’ignore. En attendant, il reste « Forever Young » …
Cet article est paru dans le Télépro du 3/7/2025