Dimanche à 22h50, Arte s’intéresse à un acteur, réalisateur, mais aussi fervent activiste des droits humains, Sean Penn.
Sean Penn (64 ans) appartient à une espèce rare à Hollywood. Mondialement connu pour ses réalisations et les personnages qu’il a incarnés à l’écran, ainsi que certaines de ses conquêtes amoureuses (Madonna, Robin Wright, Scarlett Johansson, Charlize Theron…), il n’a, en rien, lissé son caractère rebelle pour plaire à l’industrie qui le nourrit. Portrait.
Biberonné à la contre-culture
Il est d’usage de dire que lorsque l’on vieillit, deux choix s’offrent à nous : reproduire ou s’éloigner tout à fait du modèle parental. Si Sean Penn a choisi un camp, c’est le premier. Celui qui voit le jour le 17 août 1960 est le fruit de l’union entre Leo Penn, réalisateur, et Eileen Ryan, actrice. Non seulement, Sean embrasse rapidement la même trajectoire professionnelle que ses parents, mais il hérite aussi de leurs esprits fortement marqués politiquement. Le couple Penn élève Sean, ainsi que ses deux frères, dans la contre-culture des sixties. Leo, par ailleurs pilote héroïque lors de la Seconde Guerre mondiale, fut écarté des plateaux de tournage en raison de ses convictions qui contrariaient le maccarthysme ambiant de l’époque, période américaine de « chasse » aux communistes. « Les cadres des studios de cinéma le placèrent sur la liste noire d’Hollywood après sa tentative d’organiser une rencontre syndicale avec d’autres acteurs », indique Babelio. « Blacklisté au cinéma, il partit pour Broadway. »
Caméra au poing
S’il faut des preuves pour démontrer qu’un ADN contestataire habite Sean Penn, il suffit de jeter un œil aux histoires vraies qu’il porte à l’écran. Derrière la caméra, il adapte notamment le roman « Into the Wild » (« Voyage au bout de la solitude »), en 2007. Le scénario conte l’existence de Christopher McCandless qui, tout juste diplômé, décide de tourner le dos à une vie confortable pour prendre la route en solitaire. Lorsqu’il est acteur, même topo. Son incarnation de Harvey Milk dans le film éponyme de Gus Van Sant, en 2009, porte un message très engagé en faveur des droits homosexuels. Alors que l’interprétation de cette figure gay de San Francisco des années 1970 lui vaut un Oscar, le second après « Mystic River » en 2003, il n’hésite pas à utiliser son temps de parole durant la cérémonie pour défendre le sujet du film. « Il tient des propos exhortant Barack Obama et Arnold Schwarzenegger (alors gouverneur de la Californie) de lutter contre la fameuse Proposition 8, visant à interdire les mariages homosexuels en Californie », indique Gala.
Reconversion définitive ?
La liste des engagements politiques de Sean Penn est presque aussi fournie que sa filmographie. Les exemples ne manquent pas, de son attaque contre l’administration Bush en 2002, dénonçant des dirigeants « menteurs et criminels », à la création de sa fondation Core en 2010 pour aider Haïti à se relever du tremblement de terre, en passant par sa présence sur le sol ukrainien en 2022 et sa charge contre l’Académie des Oscars, l‘année dernière, qu‘il critique pour un manque de diversité, ou ses déclarations à propos de Donald Trump qu’il a qualifié très récemment d’assassin… Sean Penn, le militant, reste bel et bien un acteur : il est annoncé à l’affiche du prochain film de Paul Thomas Anderson, « Une bataille après l’autre », aux côtés de Leonardo DiCaprio, dont la sortie est prévue pour septembre de cette année. Il devrait y incarner le membre d’une bande d’anciens… révolutionnaires !
Cet article est paru dans le Télépro du 15/5/2025