Tim Burton, l’enfant sombre d’Hollywood

Tim Burton et Monica Bellucci © Corbis/Getty Images
Rodophe Masuy Journaliste

Il a commencé dans l’ombre des studios Disney avant d’inventer un monde à lui seul.Avec ses monstres mélancoliques et seshéros cabossés, il a marqué les imaginaires.

« Je déteste montrer mes films. J’ai l’impression d’être mis à nu, je me sens très vulnérable. » Dès les premières minutes du documentaire « Tim Burton : un monstre de cinéma » (dimanche, 22.50, Arte), le décor est planté. Derrière les artifices baroques de ses mondes imaginaires, Tim Burton reste un homme pudique qui se confie indirectement dans ses films.

Un passage chez Disney

Tout commence en 1979, chez Disney. Tout juste diplômé, le sieur Burton est engagé comme animateur. Mais il peine à s’adapter aux exigences du studio. Trop sombre, trop atypique. En 1982, Disney accepte toutefois de produire « Vincent », un court métrage en noir et blanc raconté par Vincent Price, l’idole de Burton. Le film est finalement jugé inexploitable, loin de l’univers Disney de l’époque.

Expressionnisme allemand

Le monde de Tim Burton puise dans le cinéma expressionniste allemand, les films d’épouvante et de science-fiction des années 1950-60, ainsi que dans les adaptations gothiques d’Edgar Allan Poe produites par Roger Corman. Il aime les créatures tourmentées et les décors tordus. Mais il faut attendre 1988 pour que son style explose aux yeux du grand public, avec « Beetlejuice ». Le film cartonne. Deux ans plus tard, « Edward aux mains d’argent » impose définitivement son univers, mais aussi sa rencontre fondatrice avec Johnny Depp. Pour l’anecdote, le rôle d’Edward aurait pu revenir à Michael Jackson, fasciné par ce personnage qui lui rappelait sa propre vie, le chanteur avait auditionné.

Mars Attacks !

Dès lors, les studios hollywoodiens font confiance à Burton. Il enchaîne les blockbusters (« Batman », « Charlie et la chocolaterie », « Alice au pays des merveilles ») tout en réalisant des œuvres plus personnelles, comme « Ed Wood », biopic en noir et blanc, ou « Big Fish », récit d’un fils tentant de comprendre les fables d’un père mourant. Entre les deux, Burton se permet aussi des ovnis comme « Mars Attacks ! » en 1996, pastiche déjanté des films de science-fiction kitsch, avec ses extraterrestres hargneux, son humour absurde et son casting cinq étoiles. Peu le savent, mais le film est inspiré non pas d’un roman ou d’une BD, mais d’une série de cartes à collectionner publiées dans les années 1960 par Topps. Jugées trop violentes et grotesques, ces cartes avaient été rapidement censurées.

Monica Bellucci, sa muse

Côté cœur, le cinéaste partage depuis trois ans la vie de Monica Bellucci. Ils se rencontrent en 2022 au Festival Lumière, à Lyon, où l’actrice remet le Prix Lumière à Burton… et lui offre, selon ses mots, bien plus. « Mon couple en premier, le travail ensuite », confiait récemment Bellucci. Cette idylle artistique a débouché sur un rôle dans « Beetlejuice Beetlejuice » (2024), dans lequel Bellucci côtoie Jenna Ortega, la nouvelle muse burtonienne, et l’indétrônable Winona Ryder. Le couple s’est par ailleurs affiché main dans la main au Festival du Film de Giffoni, en Italie, pour la présentation de la deuxième saison de « Mercredi », la série Netflix, diffusée dès ce mois d’août.

Féministe

L’avenir ? Burton fourmille de projets. Il a annoncé la préparation d’un nouveau film d’animation, fidèle à son amour du dessin et des créatures sombres. Mais avant cela, il doit réaliser un remake de « L’Attaque de la femme de 50 pieds » (1958), où une riche héritière devient une géante vengeresse après avoir croisé un vaisseau spatial. Un clin d’œil féministe à peine voilé.

Enfin, selon Warner Bros., « Beetlejuice 3 » serait également en très bonne voie. Et d’après certaines rumeurs, Burton travaillerait aussi sur un projet avec Lady Gaga. Autant dire que les fans de l’univers burtonien ont de quoi se réjouir. Tim Burton n’a finalement que 67 ans. Et il n’a rien perdu de sa créativité.

Cet article est paru dans le Télépro du 14/08/2025.

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