Eurovision 2025 : l’UER fait la chasse aux drapeaux à Bâle

Nemo, pendant la cérémonie des drapeaux de la finale du Concours Eurovision 2024 © Getty Images
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Les drapeaux des libertés sur la scène de l’Eurovision, c’est fini !

Les organisateurs du 69e Concours Eurovision de la chanson durcissent un peu plus les règles concernant la présence des drapeaux sur scène.

Après l’interdiction d’arborer un drapeau « régional » (par opposition à celui « national »), les drapeaux des libertés (des communautés LGBTQIA+) ne seront plus autorisés non plus.

Devenu une tradition depuis une dizaine d’années, la « Cérémonie des drapeaux » qui lance la finale du samedi à l’Eurovision va (encore) subir du changement. Si les drapeaux non-nationaux étaient déjà interdits. La VRT ne peut pas faire défiler le candidat belge (s’il passe en finale) avec le lion flamand, en plus (voire carrément à la place) du drapeau noir-jaune-rouge.

Un artiste, un pays

Dès cette année, les drapeaux arc-en-ciel ou des libertés de sexe et de genre ne seront plus autorisés sur la scène, et durant tout la durée du show. L’an dernier, le chanteur suisse Nemo prenait part à la parade avec le drapeau qui représente les personnes non-binaires, plus en vue que celui de la Confédération helvétique. Ce ne sera plus possible à Bâle. Pas plus que la chanteuse néerlandaise S10, qui avait défilé en 2022, à Turin, avec le drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBT, en plus de celui des Pays-Bas. L’artiste concourant pour un pays…

L’Union Européenne de Radiotélévision (UER) veut ainsi se protéger des polémiques régionales dans les pays fédéraux qui participent à l’Eurovision à l’image de la Catalogne pour l’Espagne, l’Écosse pour le Royaume-Uni ou les Îles Féroë pour le Danemark, pour ne citer qu’eux. En arrière-plan, cette interdiction règle le compte des messages « pro-Palestine » qui avaient pullulé l’an dernier à Malmö.

De la souplesse dans le public

Dans la salle, par contre, l’UER va lâcher un peu du lest. En 2024, dans la confusion générale générée par la présence d’Israël et la disqualification du candidat néerlandais Joost Klein, quasi tous les drapeaux non-nationaux ont été retoqués par la sécurité lors de l’arrivée du public dans la Malmö Arena.

Pour l’édition bâloise, les membres du public pourront participer avec les drapeaux de leur choix « s’ils ne contreviennent pas à la loi suisse ». On risque donc de voir des drapeaux palestiniens, du Haut-Karabagh ou même de l’Union Européenne dans les prises de vue du public pendant les shows.

Les organisateurs tiennent malgré tout à rappeler « que les messages politiques doivent être évités ». Le signal risque d’être moins bien compris.

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