La direction d’iTELE a suspendu lundi l’émission de Jean-Marc Morandini, uniquement pour le temps de la grève, mais a refusé son arrêt définitif réclamé par les grévistes, plus déterminés que jamais à poursuivre leur mouvement.
Dans un bref communiqué, la direction a annoncé « la suspension », « pour des raisons opérationnelles », de l’émission de l’animateur controversé mais assuré qu’elle « reprendra dès l’arrêt de cette grève », entamée il y a une semaine.
« C’est une suspension, pas un retrait, et plutôt par manque de moyens techniques. Rien n’a bougé, la direction reste sourde à nos revendications », a-t-on commenté de source syndicale. « Si on arrêtait la grève, Morandini serait sur l’antenne dès ce soir alors que, justement, on fait la grève pour demander son retrait ! », s’est exclamé ce responsable, en soulignant le caractère paradoxal de la décision.
« La grève continue. Nos revendications restent les mêmes », ont tweeté des grévistes, certains appelant à un nouveau rassemblement mardi à 13H00 devant le siège de la chaîne.
Imposée par le patron du groupe, Vincent Bolloré, « Morandini Live », l’émission de l’animateur mis en examen pour « corruption de mineur aggravée », était la seule diffusée en direct depuis le 17 octobre, premier jour de la grève. Depuis une semaine, les grévistes demandent son arrêt, également réclamé à demi-mot par le CSA jeudi.
Faute d’avancée, les salariés d’iTELE avaient décidé lundi matin de reconduire leur grève jusqu’à mardi 11H30, à 85% des votants, pour un 8e jour consécutif, le plus long conflit de l’histoire de la chaîne.
La tension est encore montée d’un cran ce week-end parmi les salariés en raison d’un déménagement jugé brutal des bureaux d’iTELE pour faire place à la rédaction de Direct Matin (propriété de Vincent Bolloré). Des affaires personnelles de journalistes ont été mises dans une benne à ordure, à la grande colère des salariés.
Outre le départ de l’animateur, les journalistes demandent une charte éthique pour garantir leur indépendance vis-à-vis de leur principal actionnaire, Vincent Bolloré, et davantage de moyens pour relancer la chaîne, lourdement déficitaire. Soumise à un plan d’économies drastique depuis cet été, qui l’a privée des pigistes qui assuraient une bonne partie des reportages, iTELE doit faire face à la concurrence du leader BFMTV mais aussi de LCI (groupe TF1) et de la chaîne publique franceinfo, nouvelles venues sur la TNT gratuite.