Internements administratifs : quand la Suisse traquait les pauvres

Le journaliste suisse Tristan Miquel dévoile les coulisses de son pays © RTS

Ce samedi à 13h, TV5Monde propose une enquête sur «L’Éthique helvétique».

C’est l’un des plus gros scandales du siècle dernier en Suisse : les internements administratifs, ou mesures de coercition à des fins d’assistance. De la fin du XIXe siècle à 1981, des hommes, des femmes et des adolescents ont été
placés dans un établissement fermé et contraints au travail forcé. Parce qu’ils buvaient trop, ne travaillaient pas, étaient turbulents ou, pour les femmes, parce qu’elles étaient enceintes sans être mariées. Leur point commun : être pauvre.

L’administration a ainsi détruit la vie de plus de 60.000 personnes. C’est de cette manière que des villes comme Zurich et Fribourg cachaient leurs indigents, leurs vagabonds et les jeunes rebelles à toute discipline : en les internant. Dans cette société conservatrice et protestante, le travail était un devoir, la paresse un péché. Tous ceux qui s’adonnaient régulièrement à l’inconduite ou à la «fainéantise», et qui compromettaient l’ordre public, pouvaient être enfermés et forcés à travailler. Des orphelins, des enfants issus de parents pauvres, des alcooliques, se sont retrouvés internés alors qu’ils n’avaient commis aucun délit. Tout comme des jeunes filles enceintes et mineures, à qui on a retiré l’enfant à la naissance pour les proposer à l’adoption.

La société entière devait être efficace et rentable, en rééduquant les marginaux, les indisciplinés, les imprévisibles…

Cet article est paru dans le Télépro du 6/3/2025

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