Jasmina Douieb («Arcanes») : «Les talents belges sont encore trop modestes !»

« En Belgique, on a un peu de mal à être fier de ce que l’on fait et à promouvoir nos créations », reconnaît la comédienne © RTBF

Dans la série belge « Arcanes », l’actrice vue dans « La Trêve », où elle incarnait la psychologue, endosse le rôle d’une businesswoman autoritaire dont la dureté cache bien des failles.

La nouvelle série belgo-belge « Arcanes », jeudi à 20h30 sur La Une, plonge au cœur d’une petite ville industrielle des années 1990, marquée par la fermeture de son industrie. La disparition soudaine d’une ado rappelle à Clémence Rosier, ex-directrice de l’usine, la mort non élucidée de son fils Ben. Convaincue que les deux drames sont liés, elle enquête en secret et affronte le poids du passé. Rencontre avec son interprète, Jasmina Douieb (52 ans).

Voilà un thriller finement ciselé ! Est-ce l’un de vos registres de prédilection à l’écran ?

Oui, c’est mon terrain de jeu. J’aime tourner et aussi lire des polars. C’est un registre qui fonctionne bien et parvient toujours à se renouveler. Il y a maintenant des suspenses également très réussis produits par les pays nordiques. En outre, « Arcanes » permet d’exploiter plusieurs fils narratifs et de faire évoluer les personnages en créant un lien entre eux et les spectateurs.

Vous interprétez Clémence, riche héritière et directrice d’usine. Comment avez-vous préparé ce rôle ?

Cela a été assez évident pour moi car ce personnage me ressemble. Le point le plus difficile à jouer a été la perte d’un enfant. Là, j’ai dû creuser émotionnellement. Mais le reste – dont une autorité naturelle et parfois même une certaine dureté – est venu facilement puisque je suis aussi metteuse en scène au théâtre. Je peux convoquer ces attitudes assez rapidement ! (Rires) En outre, le fait que ce personnage fort soit une femme ou pas n’est pas central. Il aurait pu être joué par un homme. Ce sont les enjeux du récit et ce que vivent les protagonistes qui comptent. Le côté féministe de cette cheffe d’entreprise reste donc en filigrane.

Il semble y avoir de plus en plus d’excellentes productions télévisées belges. Votre avis ?

J’ai toujours été certaine qu’il y avait beaucoup de talents en Belgique. Simplement, je pense qu’on a un peu de mal à être fier de ce que l’on fait et à promouvoir nos créations, notre compétence et notre art à l’étranger. Cette modestie fait sans doute partie de notre charme, mais il y a peut-être trop de gens talentueux sous-exploités. Les Français ont encore tendance à se sentir supérieurs, et nous, à nous sentir inférieurs ! Devenir une star ou avoir beaucoup de succès est possible en France, pas chez nous.

Le casting des fictions évolue aussi. On donne plus de rôles aux actrices de 45-50 ans !

Ah, pour moi, c’est génial ! Je peux me dire : « Wouah ! C’est super d’avoir un excellent personnage à un âge qui n’est peut-être pas a priori considéré comme le plus télégénique ! » Et on crée désormais des créneaux qui n’impliquent pas forcément et exclusivement des romances. Autre raison de se réjouir : aujourd’hui, on est moins fixé sur les canons de beauté. Et certaines femmes très belles n’hésitent pas à s’enlaidir. Ça ouvre davantage de possibilités pour tous les acteurs et actrices.

Cet article est paru dans le Télépro du 4/9/2025

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