La Cour des comptes française estime que France Télévisions est en «situation financière critique»

Delphine Ernotte © AFP via Getty Images

Cible des médias Bolloré et du RN, France Télévisions fait face à un nouveau front : la Cour des comptes a jugé mardi le groupe public « dos au mur », en raison d‘une « situation financière critique » imposant « sans délai des réformes structurelles ».

France Télé « se trouve dans une situation à nos yeux qui n‘est plus soutenable », « qu‘une entreprise normale ne pourrait tolérer », a averti en conférence de presse le président de la Cour Pierre Moscovici. Si rien n‘est fait, il existe un risque hypothétique de « dissolution » du groupe public présidé par Delphine Ernotte Cunci.

Pour la première fois, elle a fait adopter un budget en déficit pour 2025, de 40 millions d‘euros. Les « charges de personnel et de fonctionnement » ainsi que les « investissements nécessaires notamment dans le numérique » rendent « inéluctables » des changements, presse la Cour dans un rapport, dix ans après un précédent contrôle.  « Nous nous tournons clairement vers la tutelle », c‘est-à-dire l’État, a lancé M. Moscovici.

« Nous voulons une entreprise publique plus forte » et « non pas affaiblie », a-t-il aussi plaidé, considérant France Télévisions « indispensable au débat démocratique », menacé par les « fake news » et les réseaux sociaux.  La Cour demande que l’État fixe à l‘entreprise « une trajectoire financière réaliste ».

Dans un courrier à la Cour, Mme Ernotte Cunci indique en retour que « France Télévisions souscrit à l‘ensemble des recommandations formulées » et « travaille déjà à leur mise en œuvre ».

France Télévisions comprend les chaînes France 2, France 3 et ses 24 antennes régionales, France 4, France 5, franceinfo et le réseau Outre-mer La Première. La dotation publique annuelle que le groupe reçoit s’élève à 2,5 milliards d‘euros. France Télé compte quelque 9.000 salariés (équivalent temps plein), après des réductions d‘effectifs.

Le contexte est très tendu pour France Télévisions et plus largement l‘audiovisuel public, que le Rassemblement national veut privatiser. « Alors que nos finances publiques connaissent une grave crise, il y a plus que jamais urgence », a réagi sur le réseau social X la cheffe des députés RN Marine Le Pen. Elle retient du rapport une « gestion catastrophique » de France Télé et le « train de vie dispendieux » d‘une entreprise « d‘un autre temps ». La dirigeante RN avait réclamé samedi le départ de Delphine Ernotte Cunci, « une militante très marquée à gauche » selon elle.

La patronne de France Télé, en fonction depuis 2015 et renouvelée en mai pour un troisième mandat, avait qualifié la semaine dernière CNews de « chaîne d‘extrême droite ». Les critiques du RN ont redoublé dans le sillage de l‘affaire Legrand-Cohen, deux journalistes du service public accusés de connivence avec le Parti socialiste. Les médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews, accusent ceux de Radio France et France Télévisions de partialité en faveur de la gauche. Ceux-ci répliquent en faisant appel à l‘Autorité française de régulation des médias (Arcom) et aux pouvoirs publics.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici