Dans « Jeanne du Barry » (à voir ce dimanche à 21h10 sur France 2), Maïwenn conte le parcours de Jeanne Bécu, jeune femme d’origine modeste qui deviendra la favorite du roi Louis XV.
Surnommée « la créature » par Marie-Antoinette, alors dauphine de France, détestée par les filles du roi Louis XV et méprisée par la quasi-totalité de la cour, Jeanne du Barry n’en reste pas moins une femme au destin exceptionnel. Portrait.
Fille du peuple
Jeanne Bécu n’a pas entamé l’existence avec un arbre généalogique favorable. Fille illégitime d’une couturière et d’un moine, elle voit le jour en août 1743. Après une enfance passée chez les religieuses, elle est repérée, vers l’âge de 15 ans, grâce à un physique avantageux.
Grande blonde aux courbes généreuses, aussi charmante que spirituelle, elle finit par tomber dans les filets de Jean-Baptiste Dubarry, un Gascon vénal, proxénète de luxe qui fournit des filles à l’élite et l’aristocratie. Son nouvel amant la présente à différents personnages de la cour, dont son ami, le duc de Richelieu, qui l’introduit auprès du Roi.
Regain de vitalité
Au moment de leur rencontre, le Souverain vit justement une période morose : à 58 ans, il se sent épuisé, sa popularité est en berne, la Reine est à l’agonie et il vient de perdre, coup sur coup, sa maîtresse, Mme de Pompadour, et son fils, le dauphin Louis-Ferdinand. Une fois Jeanne dans son lit, Louis XV éprouve un regain qu’il croyait perdu à jamais. Pour la forme, un mariage blanc est convenu entre Jeanne et Guillaume du Barry, le frère de Jean. Voici Jeanne désormais comtesse.
Un titre en toc…
Mais ce titre en toc ne dupe personne, la cour ne supporte pas les origines de « la du Barry ». Elle est aussi haïe pour ses folles dépenses et son soutien politique au duc de Richelieu contre celui de Choiseul, préféré par Marie-Antoinette, jeune épouse du futur Louis XVI. Pour humilier sa rivale, cette dernière refuse de lui parler.
Selon l’étiquette française, tant que « l’Autrichienne », dont le rang est supérieur à celui de la favorite du Roi, ne dit mot à Jeanne, celle-ci ne peut en aucun cas converser avec la future reine. La dauphine finira par céder, pressée de le faire par sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse, en gratifiant, un matin, Jeanne d’un banal : « Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles ».
Mortelle naïveté
L’état de grâce à la cour prend fin pour Jeanne avec la mort du roi, atteint de la variole, en 1774.
Retirée dans son domaine de Louveciennes, elle qui ne pense pas être perçue comme une aristocrate ne s’inquiète pas quand la Révolution éclate. C’est pourtant bien sa condition d’ancienne maîtresse du Roi qui justifiera son arrestation, en septembre 1793. Victime d’un procès expéditif, lors duquel elle se défend très mal, elle est accusée d’avoir conspiré contre la République et condamnée à la guillotine. L’ironie du sort veut que son bourreau, Charles-Henri Sanson, soit l’un de ses anciens amis du temps des galanteries parisiennes.
Cet article est paru dans le Télépro du 15/5/2025