La majorité MR-Engagés repousse une résolution PS sur la liberté de la presse

Olivier Maroy © Getty Images

La majorité MR-Engagés a repoussé mardi, en commission du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une proposition de résolution de l‘opposition PS en soutien à la liberté de la presse et l‘indépendance des médias.

Autrice de la résolution, la députée socialiste Sabine Roberty a justifié son initiative par les pressions grandissantes subies par les journalistes un peu partout dans le monde mais également en Belgique, a-t-elle soutenu, en écho aux attaques multiples du président du MR envers la RTBF. « Nous devons resserrer les rangs entre démocrates et réaffirmer notre attachement à la liberté de la presse qui est un pilier de notre démocratie », a notamment plaidé l’élue.

Tout en proclamant leur attachement eux aussi à la liberté de la presse, députés MR et Engagés ont néanmoins fait barrage au texte. À leurs yeux, cette proposition de résolution parlementaire n‘est en réalité qu‘une manœuvre politique ayant pour seul objectif de raviver la polémique opposant Georges-Louis Bouchez au média de service public. « Sur le fond, nous n‘avons pas divergences. Mais bien sur la méthode », a expliqué Armelle Gysen (Engagés) pour justifier son vote négatif.  Selon la Brabançonne, avec ce texte, le PS ne cherche en réalité qu’à attirer le débat sur la liberté de la presse sur « un terrain partisan », une démarche qu‘elle n‘entend pas cautionner, a-t-elle expliqué en substance.

Au nom du MR, Olivier Maroy a lui aussi assuré l‘attachement de son parti à la liberté de la presse.  L‘ancien journaliste de la RTBF a toutefois rappelé que cette liberté impliquait des responsabilités, dont le respect de la déontologie journalistique. Rappelant l‘existence de différentes résolutions parlementaires sur la liberté de la presse, ainsi que la transposition actuellement en cours de la directive européenne sur le sujet, le libéral a jugé la résolution socialiste « redondante ».

« La liberté de la presse n‘a pas besoin d‘un énième texte déclaratif mais plutôt d‘un code législatif clair », a fait valoir M. Maroy, qualifiant l‘initiative socialiste d’ »opération de communication politique ».

Revenant sur les propos musclés tenus cet été par M. Bouchez envers une journaliste de la RTBF lors de l‘affaire dite de la « carte PMR », Olivier Maroy a estimé que son président de parti avait « pété un câble ».  Une attitude qui s‘explique sans doute par « le tempérament » du Montois, mais aussi par le non-respect du code de déontologie journalistique par la RTBF qui n‘a pas corrigé une information erronée, selon lui.

Citant quelques cas vécus lorsqu‘il était lui-même journaliste, M. Maroy a rappelé que les pressions des politiques sur les journalistes ne dataient pas d‘aujourd‘hui. « Cela fait partie des dégâts collatéraux… », a encore dit l’élu MR.

« Ce n‘est pas parce que cela a toujours été comme cela que c‘est OK pour autant », a objecté Jori Dupont (PTB), qui a soutenu la résolution PS.  Selon l’élu marxiste, on ne peut accepter que Georges-Louis Bouchez s’érige « en auto-justicier » face à la RTBF, alors qu‘il existe des instances officielles de recours telles que le CDJ ou le CSA, a-t-il rappelé.

Par la voix de Margaux De Ré, Ecolo a lui aussi soutenu la proposition de résolution PS, suggérant même plusieurs amendements afin notamment de créer une plate-forme de signalement des pressions et harcèlements envers les journalistes, ainsi qu‘un rapport annuel sur la liberté des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles. 

L‘ensemble de la proposition a toutefois été rejeté par la majorité MR-Engagés.  Le débat sur le texte devrait revenir d‘ici deux semaines en séance plénière du parlement.

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