L‘Association des Journalistes Professionnels (AJP) a dénoncé mercredi une « ingérence inacceptable » du MR hennuyer au sein de la télévision locale carolo Télésambre. L‘aile hennuyère du parti libéral aurait réclamé la démission du rédacteur en chef du média de proximité pour des commentaires faits dans la foulée de l‘assassinat, le 21 mai dernier, de deux employés de l‘ambassade d‘Israël à Washington.
Martial Dumont, rédacteur en chef de Télésambre depuis 2019, avait indiqué sur Facebook qu‘il s‘agissait d‘un « acte ignoble, certes, mais un acte contre la politique israélienne et non un acte antisémite. Taxer d‘antisémite ceux qui critiquent Israël est d‘une malhonnêteté intellectuelle crasse ».
Le MR a jugé ces propos « choquants », « inacceptables » et « incompatibles avec les fonctions occupées par monsieur Dumont », écrit l‘Avenir sur son site internet. Sur X, Le président du MR Hainaut, Denis Ducarme, a estimé qu‘un tel point de vue « flirtait dangereusement avec l‘apologie du terrorisme ». Il a dénoncé un manque de déontologie journalistique dans le chef de M. Dumont à propos d‘autres sujets que le conflit israélo-palestinien.
D‘après l‘Avenir, le parti a fait inscrire à l‘ordre du jour du conseil d‘administration de la télévision locale ce mardi une motion pour réclamer la démission du rédacteur en chef, ou qu‘il « soit démissionné » s‘il refuse.
Après trois heures de discussions, le rédacteur en chef n‘a pas démissionné. Les trois membres MR du CA ont alors rendu leur mandat.
« Les pressions répétées de certains mandataires MR locaux, singulièrement de Denis Ducarme, sur l‘indépendance rédactionnelle de la chaîne comme sur ses journalistes se multiplient de manière inquiétante », commente mercredi l‘AJP dans un communiqué. « Cet interventionnisme atteint aujourd‘hui un niveau inédit : des représentants politiques se sentent autorisés à réclamer le licenciement d‘un rédacteur en chef. »
La Fédération européenne des Journalistes dénonce également ces agissements. Un signalement au Conseil de l‘Europe est en cours. Il y a une dizaine d’années, cette instance a lancé une plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes.
En une dizaine d’années, la Belgique a été visée par une cinquantaine d’alertes. Celles-ci « documentent des menaces graves à la sécurité des journalistes et à la liberté des médias en Europe ». Elles sont notifiées aux autorités nationales, qui sont invitées à répondre en détaillant des mesures de prévention, de protection ou de réparation mises en œuvre pour mettre fin à la menace.
« Nous sommes surpris par le nombre d’alertes liées à des pressions politiques, surtout émanant d’un pays, la Belgique, qui respecte normalement les libertés de la presse », commente Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la FEJ. Ce dernier constate que les menaces ne proviennent pas que d’une seule tendance politique. « Il y a une accumulation, tous partis confondus. On assiste comme à une libération des politiques dans leur façon de critiquer les journalistes, un peu dans une attitude trumpienne », pointe le responsable.