La ministre des Médias du gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles, Jacqueline Galant, a demandé, mercredi, à l‘administration de bloquer la liquidation du solde de la subvention à BX1. Motif du courroux de la ministre MR : l‘annonce de l‘octroi d‘un « parachute doré » de 550.000 euros au directeur général de la télé locale bruxelloise, Marc De Haan.
Selon la Libre Belgique, celui-ci partira à la prépension en décembre. Le CA de BX1 a décidé, le 11 décembre dernier, de lui octroyer une prépension extralégale à partir du 31 décembre 2025. Après son année de préavis, et durant 4 ans (jusqu’à la pension légale), Marc De Haan continuera de percevoir une partie de son salaire de BX1, en complément d‘une allocation de chômage. L‘opération représente, selon le compte rendu du CA que La Libre Belgique dit avoir consulté, un coût total de 550.000 euros brut.
Selon le quotidien, la désignation de la personne appelée à succéder à Marc De Haan a fait des vagues, lors de la dernière réunion du CA de BX1 vendredi dernier. Le nom d‘Annebel Joseph, conseillère juridique en poste chez BX1 depuis juin dernier, a été le seul proposé, alors que deux autres personnes s’étaient portées candidates pour ce poste, qui n‘avait pas été ouvert aux candidatures externes : Fabrice Grosfilley, l’éditorialiste en chef, et Marc De Pauw, le directeur financier.
« Le parachute doré à 550.000 euros du directeur de BX1. Certainement pas avec l‘argent des citoyens de la Fédération Wallonie-Bruxelles » a déclaré Jacqueline Galant, justifiant, sur X, sa demande de bloquer la liquidation du solde de la subvention à BX1. « Si un média de proximité a les moyens d‘octroyer un tel parachute doré à ses dirigeants, il n‘a pas besoin des subventions de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ceci démontre à nouveau l‘urgence d‘une réforme du secteur », a-t-elle ajouté.
De son côté, le chef de file des Engagés Bruxelles, Christophe De Beukelaer a jugé cette initiative « indécente ». « BX1 est une chaîne financée majoritairement par de l’argent public. Dans un contexte budgétaire difficile, où chaque euro investi dans le service public doit être justifié par l’intérêt général, ce type de pratique ne peut tout simplement pas passer », a-t-il commenté mercredi, saluant le professionnalisme de l’ensemble des équipes de BX1.
M. De Beukelaer a ajouté avoir demandé sans attendre à la nouvelle administratrice Les Engagés siégeant au sein du CA de faire toute la lumière sur cette décision et d’en demander l’inscription urgente à l’ordre du jour de la prochaine réunion prévue le 8 juillet. «
Nous devons évaluer s’il est possible de revenir sur cette décision, dans le respect du droit du travail mais aussi de la décence et de la responsabilité financière » en prenant la mesure de « la gravité de la situation budgétaire de notre Région », a-t-il conclu.
Dans l’opposition, Jonathan de Patoul (DéFI) a demandé de revenir sur cette « décision scandaleuse et à défaut de le déduire de la dotation Cocof (ndlr: principal pouvoir subsidiant du media bruxellois) ».
Du côté du personnel, c’est également la soupe à la grimace dans un contexte financier difficile où il est question de suppression d’émissions TV, de remaniement du journal de 18h, voire d’économies liées au surcoût des travaux du futur siège de la chaîne.
Le SETCa, seule organisation syndicale représentée au sein des organes de l’entreprise a jugé « exorbitant » le montant du « plan de départ anticipé de la direction », via « une décision pourtant arrêtée dès décembre dernier, mais gardée sous silence jusqu’en avril ».
Selon l’organisation syndicale, ce choix, pris « en toute opacité » par l’ancien Organe d’Administration, « choque l’ensemble des équipes, menace non seulement la stabilité de l’emploi, mais également la réputation et la pérennité même de BX1, média de proximité déjà fragilisé dans un paysage médiatique en pleine tension ».
« Les travailleurs et travailleuses de BX1 … exigent que le nouvel Organe d’Administration assume pleinement ses responsabilités : transparence, prise de responsabilité et protection du projet éditorial et social de BX1 », a encore dit le SETCa par voie de communiqué.
Par ailleurs, le personnel s’inquiète du processus de désignation en cours d’une nouvelle direction générale. Il y a quelques semaines, la Société des Journalistes de BX1 a souligné l’importance de désigner « une personne dont le parcours, la sensibilité et l’expérience témoignent d’une compréhension profonde des enjeux journalistiques. Il nous semble en effet primordial que le futur Directeur général dispose d’un regard affûté sur les défis actuels de la profession, qu’il soit le garant de nos valeurs déontologiques et qu’il sache défendre le rôle fondamental de l’information dans le bon fonctionnement démocratique ».
Elle a insisté sur son souhait de voir perdurer une forme de continuité éditoriale et stratégique, en favorisant un profil aux qualités proches de celles incarnées par Marc de Haan, fort de son expérience passée de journaliste et rédacteur en chef de BX1.
Selon La Libre, après évaluation, notamment par un jury, Annebel Joseph, conseillère juridique, passée par Voo, Orange, est la seule à avoir reçu un avis positif. Elle devrait être auditionnée par le CA de la chaîne, lors de sa prochaine réunion dans quelques jours.