Lucien Jean-Baptiste : «Il faut vivre avec nos différences»

La soirée-événement sera présentée par Marie Drucker et Jamy Gourmaud, qui pourront compter sur Lucien Jean-Baptiste et le psychosociologue Sylvain Delouvée pour décrypter les comportements des cobayes humains © Benjamin DECOIN - FTV
Nicole Real Journaliste

Mardi dès 21h10, France 2 diffuse «Sommes-nous tous racistes ?», une émission spéciale, au concept inédit, autour du racisme.

Pour répondre à la question « Sommes-nous tous racistes ? », cinquante participants sont soumis à des expériences scientifiques qui les obligeront à poser des choix. En coulisses, l’acteur Lucien Jean-Baptiste observe et commente leurs réactions.

Pourquoi avez-vous accepté d’être le grand témoin de l’émission ?

Tout ce qui concerne le racisme, la discrimination et les questions autour de la différence m’intéressent. On retrouve d’ailleurs ces thématiques dans mes films. Lorsque j’ai su que l’émission parlerait du rapport inconscient lié au phénomène de discrimination, j’ai accepté sans hésitation.

N’avez-vous pas peur des réactions sur les réseaux sociaux ?

Non, je décide de mes choix par conviction et non pas en fonction des réseaux sociaux. Dans l’émission, je témoigne non pas contre des gens, mais pour mon enrichissement personnel, pour tenter de mieux comprendre notre société et le monde qui nous entoure. Les deux seules questions qu’on doit se poser est de savoir ce qu’on fait sur Terre et ce qu’est l’humain.

Avez-vous souffert de racisme ?

Bien sûr et ce n’est pas terminé, mais ce n’est pas grave. Dans la vie, chacun doit avancer à sa façon. Les uns souffrent de nanisme, d’autres de gigantisme, les femmes souffrent de sexisme, nous avons tous nos petits soucis. Pour trouver son équilibre personnel sans emm… les autres, il faut travailler sur son problème pour le surmonter.

Quelle expérience vous a particulièrement intéressé ?

Elles m’ont toutes intéressé et, malheureusement, les réactions des participants ne m’ont pas étonné. Prenons, par exemple, le test du vélo : une petite blonde scie un cadenas et un jeune homme lui propose son aide alors que devant un jeune Maghrébin dans la même situation, les gens appellent la police. Cela ne signifie pas que tout le monde réagirait de la même manière, mais, comme les sondages, ce test est une indication.

Auriez-vous aimé réaliser les tests avec le groupe de participants ?

Cela fait soixante ans que je participe à ces tests au quotidien ! (Rire) Je ne compte pas le nombre de fois où on m’a pris pour le coursier alors que j’avais rendez-vous avec le PDG ! Maintenant, cela m’aurait fait marrer. Du reste, pour plusieurs tests, je serais tombé dans le panneau.

Par rapport au racisme et à la discrimination, ressentez-vous une évolution dans la société actuelle ?

Je ne résume pas la question à la seule couleur de peau, je prends en compte toutes les discriminations. Le cinéma et l’audiovisuel en général, qui sont mes univers professionnels, sont, depuis toujours, très codifiés. Le méchant doit avoir une gueule de méchant et la blonde est souvent un peu bêtasse. Mais grâce à l’évolution de la société, les films contiennent moins de ces clichés. Par contre, que vous soyez noir, jaune, vert ou rouge, homme, femme ou LGBT+, tous ces métiers artistiques sont difficiles parce qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus.

Avez-vous une idée pour changer vraiment les mentalités ?

La seule solution, c’est l’art, la culture et l’éducation. Éduquer est la base de tout. Le cinéma, le théâtre, les livres nous aident à comprendre le monde dans lequel vit l’humain. Pour s’élever, mieux comprendre le monde et s’adapter à tous nos problèmes, il faut que les institutions nous donnent des clés non pas pour vivre ensemble, c’est un terme que je trouve débile, mais pour arriver à vivre les uns à côté des autres, avec nos différences.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/6/2025

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