«Mitterrand, confidentiel» : le crépuscule du Président

Denis Podalydès incarne l’ex-président de la République française © Thierry Valletoux - Mother Production - France Télévisions
Nicole Real Journaliste

Trente ans après la disparition de l’ancien Président français, Denis Podalydès incarne François Mitterrand dans une fiction politique en quatre épisodes (les samedis 27 décembre et 3 janvier à 20h30 sur La Trois, et dès le lundi 5 janvier à 21h10 sur France 2).

Rencontre.

Comment vous êtes-vous préparé au rôle ?

J’ai visionné de nombreuses archives et écouté ses discours, si remarquables et si puissants, enregistrés sur disques. Pendant le maquillage, je me plongeais dans le rythme et les inflexions de sa voix, qui évoluaient au fil des années. Chaque matin, avant le tournage, je laissais résonner sa voix dans mon oreille.

Comment expliquez-vous votre admiration pour François Mitterrand ?

En 1981, à 18 ans, j’ai voté pour la première fois et cru avec ferveur à la victoire de la gauche. Mitterrand incarnait pour moi un souffle d’espérance. Aujourd’hui encore, j’adhère à la dimension presque légendaire de ce président.

N’avez-vous jamais été déçu ?

Je n’ai jamais été critique vis-à-vis de lui. Lorsque son amitié avec le collaborateur René Bousquet a été révélée, cela m’a troublé. J’en ai parlé à Robert Badinter dont le père avait été déporté sur ordre de Bousquet. Ami fidèle de Mitterrand, il n’a pas souhaité me dire s’il avait évoqué ce sujet avec lui. Cette zone d’ombre m’interroge, mais n’a jamais remis en cause mon profond attachement pour lui.

La minisérie se concentre sur les deux dernières années de présidence de Mitterrand © Sygma via Getty Images

Avez-vous ressenti une pression à jouer un personnage réel ?

Non, je me concentre toujours sur la fiction. Le Mitterrand que j’incarne est celui du scénario. La seule pression vient des contraintes, des indications du réalisateur ou de mes partenaires, non du poids historique. Je n’interprète pas un homme d’État, mais un rôle à part entière.

Concernant Mitterrand, qu’est-ce qui vous fascine le plus aujourd’hui ?

J’ai voulu être à la hauteur de l’admiration que j’ai pour lui. Désormais, c’est l’écrivain qui me captive davantage. La correspondance avec Anne Pingeot (ndlr : sa maîtresse) m’a bouleversé : elle révèle un amoureux d’une intensité rare et un écrivain d’une grande finesse.

Qu’avez-vous découvert de surprenant chez lui ?

Son humour, difficile à saisir, m’a frappé. Il savait manier la distance et l’ironie, notamment lorsqu’il évoquait sa vie familiale, soigneusement mise en scène. À l’époque, un homme aspirant à la présidence devait renvoyer l’image d’un mari et d’un père exemplaire.

Cet article est paru dans le Télépro du 25/12/2025

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