
Myriem Akheddiou : « Faire tomber les murs »
L’actrice multifacettes incarne une avocate déboussolée dans « Quiproquo », nouvelle série avec laquelle la RTBF s’éloigne des fictions sombres (« Pandore », « La Trêve » …).
Giulia (Myriem Akheddiou), brillante avocate, perd inopinément son travail. Décontenancée, elle plaide dans de nouveaux domaines et croise le jeune Lykos, forte personnalité qui la laisse d’abord perplexe…
Le personnage de Giulia est initialement décrit comme asocial. L’héroïne ne serait-elle pas plutôt neuroatypique ?
Il me semble, oui ! Car je me suis préparée en ce sens. Notamment en m’inspirant de la série « Monk » où le protagoniste (Tony Shalhoub) est très doué dans son travail, mais a du mal à interagir avec autrui. Giulia est pareille, je l’ai sentie comme ça même si, lorsque je posais la question à l’équipe de la série, tout le monde éludait la question ! Mais j’ai assumé à fond ce côté fragile derrière une apparence rigide. Cette femme est souvent décalée, elle n’a pas les codes.
Bien qu’elle soit une excellente avocate, est-elle en situation de vulnérabilité ?
Absolument ! C’est ce qui la rend drôle, mais touchante et attachante. Hors de son domaine de prédilection, Giulia manque d’outils pour tout. Elle est comme une petite fille certes très intelligente, mais perdue dans un monde d’adultes. Je me suis basée sur l’ennéagramme, un système d’étude de personnalité où sont répertoriés différents profils psychologiques dominants. Cela m’a aidée à cerner l’héroïne selon son parcours et ses réactions.
Peut-on décrire l’improbable duo Giulia-Lykos (Amine Hamidou) tel le yin et le yang ?
L’avocate est en effet agacée par l’énergie débordante, le côté « Je ne me prends pas la tête et j’improvise » et la logorrhée de ce jeune homme parachuté par hasard dans son univers très organisé. C’est génial ! D’autant qu’Amine est comme ça dans la vie et qu’il nous est arrivé de jouer en « free style ». Moi-même, comme Giulia, je devais souvent couper mon partenaire de jeu en disant : « Ça va bien ! Stop ! »
Mais on sent que ces deux-là s’apprécient quand même !
Je crois qu’ils se reconnaissent inconsciemment. Tous deux sont en marge et traversent un passage à vide. Sans le savoir, chacun a des problèmes avec un entourage familial qui lui file des complexes. Il y a un plafond de verre à briser, un besoin d’être validé et de se libérer d’un manque d’estime de soi. Leurs qualités respectives vont les aider : Giulia règle les soucis avec un grand sérieux, Amine arrange ça avec sa tchatche ! Sous les apparences, ils sont semblables. Et apprennent l’un de l’autre.
Que pensez-vous de ce message sous-jacent ?
C’est très bien à une époque où on cherche trop de raisons de se critiquer, de s’opposer ! D’être « contre » et non « avec ». Ce genre de fiction fait tomber les murs qui se dressent trop vite. On peut réaliser beaucoup ensemble, même si certains viennent de Mars et d’autres de Jupiter, par exemple !
Cet article est paru dans le Télépro du 8 mai 2025.
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