Rapport du CSA : une hausse de plaintes qui pique, et l’IA attendue au tournant !

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Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le régulateur vient de présenter son rapport pour l’année 2024.

Ce mardi 15 avril, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) de la Communauté française a présenté son bilan pour l’année 2024.

Le nombre de plaintes s’élève à 624, contre seulement 106 en 2023. Une très nette hausse (de 488 % !) qui s’explique par les signalements du fameux sketch parodiant une chanson du groupe Indochine dans «Le Grand cactus» (Tipik), l’automne dernier, qui a totalisé à lui seul 422 mécontentements des téléspectateurs et des associations LGBTQIA+.

Dans ce cas, le CSA réduit la masse de plaintes identiques en une seule recevable. À ce petit jeu, l’année 2024 se solde par 154 dossiers contre 96, un an plus tôt. Une forte augmentation tout de même… mais là aussi tout s’explique puisque c’était également une année électorale (avec deux campagnes).

Outre le «Grand cactus», parmi les plaintes concernant la télévision, il y en a eu une à l’encontre d’ABxplore pour de la mauvaise information vis-à-vis de l’accessibilité de ses programmes à destination de personnes déficientes sensorielles. Et une autre plus anecdotique qui vise RTL tvi : dans « Les Reines de la route », le non-port de la ceinture de sécurité a quelque peu irrité certaines personnes devant leur petit écran. À la RTBF, la diffusion d’une bande-annonce pour le film fantastique « L’Exorciste : Devotion », juste avant « Le Jardin extraordinaire », un dimanche soir, sur La Une, a pris par surprise le public non-averti.

88,5% des plaintes en 2024 pour la télévision visaient la RTBF, 7,2% RTL Belgium, 1,7% les Médias de proximité, 0,2% LN24 et 0,4% les chaînes françaises (où le CSA n’a pas de réelle autorité).

En radio, la RTBF donne aussi du fil à retordre au CSA avec 45,9% des plaintes, 27% concernent les radios privées (comme RTL, NRJ, Nostalgie, etc…) et 21,6% les radios indépendantes.

L’IA en question(s)

À coté du passé, il y a le futur pour le CSA. L’IA frappe aux portes du PAB (paysage audiovisuel belge), et on en trouve déjà dans les programmes de divertissement principalement (et la publicité), mais très vite, l’intelligence artificielle pourrait être utilisée dans d’autres types de programmes. Dans cette optique, le régulateur se penche sur le sujet, et il précise que pour faciliter ses monitorings, l’utilisation de l’IA lui fait gagner pas mal de temps…

Concernant les contenus audiovisuels, le CSA est en train de préparer le terrain. Samy Carrere, responsable de l’unité distributeurs et opérateurs, détaille les travaux du régulateur.

Que compte faire le CSA ? Un logo obligatoire comme pour le placement de produit ?

C’est déjà une obligation du règlement sur l’IA, qui est notamment en pratique sur les réseaux sociaux. À ce stade, il n’y a rien en télévision, mais nous avons trois objectifs : connaître les usages, avoir un rapport pour mesurer les impacts de l’IA dans les valeurs des médias audiovisuels et faire de la vulgarisation. C’est notre ligne de route pour l’année en cours.

N’est-ce pas trop lent quand on voit comment elle s’améliore de jour en jour ?

Effectivement, on peut remettre en question la temporalité de la régulation… Notre objectif n’est pas de freiner les évolutions. Réguler avant même qu’une technologie soit implémentée, je ne suis pas sûr que ce serait une bonne pratique pour le secteur, pour les entreprises et l’économie. Un cadre légal existe déjà avec le règlement sur l’intelligence artificielle. Il faut accompagner le secteur, et comprendre les usages. Notre initiative vise à ne pas être trop en retard.

Le secteur a-t-il peur de l’IA ?

Il y a une dualité dans les visions. Certains la trouveront problématique, d’autres y voient une opportunité. Il y a aussi pas mal de zones grises. Il ne faut pas être trop alarmiste, par contre on va regarder les différents cas pratiques et voir là où son utilisation peut être intéressante…

Le CSA prône-t-il pour une « IA européenne » plutôt que celle qui nourrit les GAFAM ?

À ce stade, nous n’avons pas de positionnement en la matière. L’IA est transversale, et ne concerne pas un secteur particulier comme l’audiovisuel. C’est toute l’économie qui est concernée et on ne prend pas position.

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