Un couple de New-Yorkais, séduit par l’intelligence artificielle, accepte de délocaliser la gestation de son bébé dans un pod, un œuf en plastique… Un film à voir ce samedi à 20h05 sur Tipik.
Dans un futur proche, Rachel (Emilia Clarke) et Alvy (Chiwetel Ejiofor) décident d’avoir un bébé. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un « pod », une espèce d’œuf synthétique. «The POD Generation» est un film d’anticipation diffusé samedi, sur Tipik.
Rencontre avec sa réalisatrice, Sophie Barthes.
D’où est née l’idée du film ?
Je voulais réaliser un film sur l’ectogenèse, ce processus de procréation qui permet le développement de l’embryon et du fœtus dans un utérus artificiel. C’est l’étape ultime de ce que peut se permettre l’exploitation commerciale des progrès scientifiques et technologiques. C’est la marchandisation poussée à l’extrême. Une vision à peine outrée de ce qui se passe aux États-Unis où tout est facilité par de nouvelles technologies, où tout est en vente et où l’on est en permanence rattrapé par la culture de la consommation. On peut imaginer que ce que montre le film deviendra monnaie courante dans quatre ou cinq ans…
« The Pod Generation » était présenté en 2023, au moment même où la société Open AI lançait ChatGPT…
Oui. L’année précédente, tout le monde se moquait de ce programme de conversation humaine. Aujourd’hui, il est en train de devenir plus puissant encore. Ce sera un chatbot d’intelligence artificielle générative (la machine crée son propre contenu), l’idée étant de remplacer progressivement l’humain.
Ce que votre film annonce déjà. On n’est presque plus dans la science-fiction…
Aux États-Unis, des sociétés décident, parce qu’elles le peuvent, d’imposer des technologies qui ont le pouvoir de changer le cours de l’humanité. Leurs ingénieurs n’ont pas été élus, pas plus que ceux qui vont subir ces technologies n’ont été consultés. C’est totalement absurde et uniquement fondé sur le profit. Le pendant de ce pays capable de repousser sans cesse les limites de l’innovation est une société en complète perte de repères éthiques et moraux.
Quel sera le prochain défi pour les entreprises de la Tech ?
Pénétrer au plus profond de l’intimité du consommateur pour mieux le comprendre et modéliser ses comportements. Mon film traite de l’ectogenèse, mais c’est d’abord une allégorie sur notre relation à la technologie. George Orwell le disait déjà : « Une société totalitaire est une société où une minorité de gens pensent savoir mieux ce qui est bon pour vous. »
Cet article est paru dans le Télépro du 21/8/2025