Champion le plus admiré puis le plus vilipendé, le coureur qui a remporté sept fois le Tour de France a joué avec le feu. Vendredi soir sur Arte, le film du grand Stephen Frears montre sans concession comment l’as s’est consumé.
Le réalisateur britannique de « The Program » ne connaissait guère le roi déchu de la petite reine avant de tourner un long métrage sur lui. C’est sans doute ce qui confère au récit une vérité brutale en laissant le spectateur seul juge de ce scandale.
Le couperet
Lance Armstrong, surnommé « The Boss », s’est imposé comme un talent du cyclisme au milieu des années 1990. En pleine ascension, le sportif apprend qu’il est atteint d’un cancer des testicules. Sortant vainqueur de ce combat, le phénomène l’est aussi derrière le guidon, soutenu par le Dr Michele Ferrari, son préparateur sportif.
Le public, conquis, ignore que derrière ce côté flamboyant, se cache un cocktail aussi scandaleux qu’explosif. En octobre 2012, un rapport de l’Agence américaine antidopage révèle que son compatriote Armstrong est impliqué dans un programme composé de stéroïdes, d’hormones de croissance et de transfusions sanguines. L’année suivante, Armstrong admet avoir consommé de l’EPO, de la testostérone, de la cortisone et les autres produits dopants précités. On lui retire tous ses titres et on lui interdit à vie de pratiquer ce sport.
En guerre contre son corps
Qu’a-t-il bien pu se passer dans la tête du champion déboulonné lorsqu’il a fallu accepter l’inacceptable – à savoir la défaite ? Selon l’acteur Ben Foster, qui campe le coureur à l’écran : « D’un côté, c’est un menteur dopé qui a trompé le monde. De l’autre, c’est un jeune homme qui a affronté le cancer. Et quand on part en guerre contre son corps, ça vous change. » Aux yeux du comédien, l’individu est bien plus complexe que les étiquettes collées sur son dos. Car la préparation de ce rôle lui a permis d’en connaître un rayon sur le cyclisme, son ambiance de concurrence acharnée et son exigence.
Effets secondaires
L’interprète a pris des substances illicites par volonté d’authenticité. « Je les ai prises de manière légale et contrôlée, sous la supervision d’un médecin, pour mieux comprendre pourquoi certains cyclistes en prennent. Aller plus vite, aller plus longtemps, aller plus fort. C’est pour ça qu’on y touche », explique le comédien à NewsBeat. « J’ai essayé de m’infecter, de faire entrer Lance dans mon organisme. Et j’ai ressenti à quel point les effets secondaires étaient considérables ! Il m’a fallu six mois avant de retrouver mon équilibre. »
Sport brutal et cruel
Ben Foster s’est aussi entraîné physiquement, étudiant le style d’Armstrong et découvrant ainsi les difficultés de cette discipline. Il a confié à Variety : « C’est un sport brutal. Et je ne comprends pas comment on peut tenir si longtemps. Le Tour de France est une compétition cruelle, il ne s’agit pas seulement d’hommes contre hommes, c’est la chair contre la machine qu’est le vélo. »
Croire en sa victoire
Cette expérience a vraiment changé l’acteur. Ainsi que son opinion à propos de Lance Armstrong. Et si le film délaisse toute compassion, Ben ose des arguments en faveur de l’ex-champion. « La drogue l’a certainement aidé », analyse-t-il dans The Guardian. « Sans dopage, il n’aurait pas gagné. Mais sa plus grande qualité a été sa capacité à croire en sa victoire. Cette droiture, cette confiance en soi pourraient être comparées à celles des acteurs. La meilleure performance du comédien, ce n’est pas de mentir, c’est de croire dans ce qu’il fait. »
Cet article est paru dans le Télépro du 31/07/2025.