Un «Jardin extraordinaire» aux 60 bougies

Tanguy Dumortier et Paul Galand : « Entre nous, la connexion a été immédiate », confie le jeune présentateur © RTBF/Tonynfinity
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce dimanche à 20h20, « Le Jardin extraordinaire » fête ses 60 ans de présence à la RTBF.

Avec la messe télévisée, « Le Jardin extraordinaire » est l’émission la plus ancienne de la télévision belge francophone. Avec 60 ans au compteur, le programme a vu défiler la faune et la flore de toute la planète. Plus que de la découverte et de l’évasion, « Le Jardin » est un moment didactique attendu le samedi puis le dimanche soir, depuis le 3 octobre 1965.

Dimanche, Tanguy Dumortier (45 ans) propose un grand « Jardin » de 90 minutes avec des archives, des coulisses et des invités qui ont marqué l’une des doyennes de la télé européenne !

Avez-vous un souvenir précis du « Jardin » ?

Ma madeleine de Proust, c’est un son : la voix de Paul Galand. Il racontait la nature avec un ton particulier, donnant des anecdotes avec un trait d’humour. Je n’ai pas de souvenirs d’images, mais plutôt de ces moments-là. Il sera présent lors de cette soirée anniversaire, et nous ferons encore une émission rien qu’avec lui. Ce qui est génial, c’est qu’il fait le même travail que moi, mais avec un recul de soixante années. La connexion a été immédiate bien qu’il ait le double de mon âge. On a trouvé des accroches, on rit des mêmes choses, et on a les mêmes passions.

Auriez-vous aimé faire ce programme en 1965 ?

Je présente « Le Jardin » pour pouvoir observer les animaux dans leur milieu naturel. C’est l’évolution de cette émission. Au départ, on amenait les animaux dans le monde de la télé. Je préfère emmener la télévision dans le monde des animaux.

En 2025, on filme un « Jardin » depuis chez soi. Est-ce la fin du programme ?

Au contraire, l’intérêt a été relancé. La nature n’a pas de frontières aussi marquées que celles de l’homme. On met le doigt dans un engrenage puis on a envie d’en voir et d’en savoir plus. On commence par filmer le fond de son jardin, puis la forêt, à côté… Ce n’est pas du tout la fin !

Et les mesures d’économie ?

Par la force des choses comme on s’adapte à la nature, nous sommes très légers. Par exemple, pour la série sur l’Antarctique, je tournais tout seul, parce que le budget pour y arriver était important. Il y a aussi un choix d’entreprise : on pourrait acheter du contenu, et nous le faisons parfois, mais si on achète un documentaire tout fait, il n’y a pas d’emploi. Quand on produit, il y a des personnes de la RTBF qui travaillent. Ça coûte plus cher, mais c’est du savoir-faire gagné aussi.

Peut-on se réinventer ?

Avec les nouvelles technologies, on saisit de nouvelles images d’animaux, comme avec des caméras thermiques qui filment la nuit ou des drones pour aller encore plus loin. On sort d’une époque où on voulait uniquement filmer les animaux. Aujourd’hui, on cherche une histoire, et parfois celle des hommes à proximité et les interactions avec les espèces. Ce sont d’autres récits, mais la forme n’a pas changé. 

Cet article est paru dans le Télépro du 9/10/2025

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