Alexandre Jardin : «Impossible de lutter contre le grand amour !»

Alexandre Jardin : «Impossible de lutter contre le grand amour !»
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Dans «Juste une fois», l’écrivain crée un couple au parcours tourmenté.

Après avoir sorti deux livres sombres, l’auteur de «Fanfan», retrouve son domaine de prédilection : les amours terriblement romanesques. Pour son plus grand plaisir. Et celui des lecteurs.

Avec ce livre romantique, vous revenez à vos premières… amours !

Oui. Et pourtant l’idée de cet ouvrage est née d’une colère ! Une énorme ire par rapport à mon époque ! Je vis à Paris, c’est-à-dire dans un monde complètement dépressif. J’ai choisi d’écrire sur l’amour pour écrire aussi sur la vitalité. Au début de leur aventure, mes deux personnages n’y croient plus et font partie de ces cyniques qui ricanent de tout. Les faire basculer dans l’authenticité, dans une sorte de renaissance, c’est très jouissif. C’est plus qu’un roman d’amour, c’est l’histoire de gens qui ne croyaient plus aux beaux sentiments.

Les pessimistes de l’amour vous attristent-ils ?

Plus que jamais. Aussi, quand je vois une femme ou un homme se croyant à définitivement à l’abri d’un coup de foudre, puis qui fond à nouveau devant un être, c’est merveilleux. Mon héroïne, Hannah, est confrontée à cela et à toutes les délicieuses contrariétés collatérales.

Ceci dit, vous malmenez sérieusement Hannah !

C’est normal. Lorsqu’on se réveille après tant de temps passé à ne plus croire aux émotions, on se heurte à une foule de ressentis perturbants. Face à un véritable éblouissement, l’important est ce que l’on en fait. Car il nous rappelle que l’on est encore vivant ! Si on fait le choix de mettre cette chance dans un placard, c’est une erreur. Même si la passion est à la fois destructrice et régénérante. C’est un moment de la vie où tout redevient possible.

Pourquoi situer cette belle histoire au Québec ?

Les gens y sont beaucoup plus vivants qu’à Paris. Et leur accès aux émotions est plus simple. Il y a des pays, des territoires, où le mot «joie» est encore français ! C’est ma manière de protester contre mon pays qui s’endort, d’y renverser la table, de contester, de ne pas coopérer avec la sinistrose.

Hannah voit l’amour comme un fardeau tandis que César, son bien-aimé, le considère comme un cadeau. Et vous ?

Je me suis injecté dans les deux personnages. Mais je reconnais et confirme que l’amour est dangereux. Et donc, infiniment tentant. La folie des héros crée autour d’eux un espace émotionnel duquel il leur est impossible de sortir. De plus, César va faire à Hannah une proposition incroyablement romanesque. Ceci est devenu très rare de la part d’un homme moderne. Finalement, ce genre d’offre est bien plus déstabilisant que l’habituelle proposition indécente, qu’une simple invitation au lit. C’est cela qui bouleverse le plus Hannah !

Entretien : Carol THILL

À lire

«Juste une fois», Alexandre Jardin, 19,90 € (éditions Grasset)

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