Agrippine , reine des intrigues

Tout au long de sa vie, elle n’aura de cesse de séduire, empoisonner, comploter... © France 3

Descendante d’Auguste, Agrippine la Jeune a joué un rôle de premier plan dans la dynastie des empereurs Julio-Claudiens, avant d’être assassinée par son propre fils, Néron.

Au mage qui lui prédit que le règne de son enfant se fera au détriment de sa vie à elle, Agrippine répond :«Qu’il me tue, pourvu qu’il règne !» Tout au long de sa vie, celle qui fut la première à être consacrée impératrice romaine n’a eu qu’une seule obsession : le pouvoir. Dans «Secrets d’Histoire» (ce lundi à 21.05 sur France 3), Stéphane Bern dresse le portrait de cette femme qui compte parmi les plus extraordinaires de l’Antiquité. Née à Cologne en l’an 15, Agrippine est la fille des très populaires Germanicus et Agrippine l’Aînée. Elle est aussi l’arrière-petite-fille d’Auguste, la petite-nièce de Tibère, la sœur de Caligula, la nièce de Claude et la mère de Néron. Soit cinq empereurs qui ont façonné un siècle d’histoire romaine. Comme eux, elle est avide de pouvoir.

Mais, à Rome, les femmes ne gouvernent pas. Pour compenser le handicap de son genre, elle utilise sa deuxième nature : l’intrigue ! Tout au long de sa vie, elle n’aura de cesse de séduire, empoisonner, comploter… Son enfance traumatisante (la mort de son père, l’exil et l’assassinat de sa mère et de ses frères aînés) lui apprend une chose : pour ne pas mourir, il faut frapper d’abord. Après la mort du cruel Tibère, Caligula, le frère d’Agrippine, monte sur le trône impérial. Il n’hésite pas à porter ses sœurs sur le devant de la scène, mais, très vite, la folie le gagne. Entre-temps, Agrippine a donné naissance à son unique fils Néron avec son violent mari Ahenobarbus. Pour respecter la promesse qu’elle s’est faite, à savoir devenir mère d’empereur grâce à ce fils qui est le seul descendant en ligne directe d’Auguste, elle complote pour évincer son frère. Caligula découvre la conjuration et exile sa sœur sur l’île de Pontia.

Mariage incestueux

En 41, l’assassinat du tyran Caligula propulse Claude sur le trône : baveux, boiteux et réputé (à tort) déficient mental. Agrippine rentre à Rome. Et après la mort de la «Première dame», sa rivale, la nymphomane Messaline, la voie est enfin libre vers le pouvoir. «Claude a besoin d’une femme intelligente sur laquelle s’appuyer», écrit Virginie Girod dans «Agrippine la Jeune, la femme qui en voulait trop» (Historia). «Il se laisse convaincre par son affranchi Pallas d’épouser sa nièce. Un décret du sénat autorise exceptionnellement ce mariage, pourtant considéré comme incestueux. Très vite, Agrippine exerce un certain ascendant sur son oncle et le convainc d’adopter Néron, qui devient, de fait, son fils aîné. Elle se fait en outre appeler « Augusta », titre latin d’impératrice, devenant ainsi la première femme d’un empereur vivant à porter ce titre.»

Lorsque Claude culpabilise d’avoir négligé son propre fils Britannicus, Agrippine comprend qu’il faut agir… Après avoir servi à son mari des champignons vénéneux, son objectif ultime est enfin atteint : son fils devient empereur et elle la femme la plus puissante du monde. «Agrippine voit son fils comme une marionnette», poursuit l’historienne. «Elle a l’intention de gouverner Rome à travers lui avec le soutien des hommes qu’elle a entraînés dans son audacieuse ascension. Pour célébrer l’avènement de son fils, elle fait frapper de nouvelles monnaies d’or et d’argent avec leurs deux portraits». C’en est trop pour Sénèque, philosophe le plus respecté de Rome et précepteur de Néron, qui pousse son protégé à s’affranchir de l’influence de sa génitrice. En quelques mois, l’intrigante devient paria et se retranche dans sa villa. Jusqu’en mars 59 où le jeune Empereur décide de la supprimer. Après avoir échoué à la noyer en faisant couler son bateau, il la fait assassiner dans la station balnéaire de Baïes. Face aux soldats venus la tuer, l’impératrice se serait exclamée : «Frappez le ventre qui a porté ce monstre !»

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