Andersen, un drôle d’oiseau

Star mondiale, Hans Christian Andersen souffrait pourtant d’une mauvaise estime de lui-même © Arte

La vie du plus célèbre des auteurs danois n’a pas toujours ressemblé à un conte de fées. Ce samedi à 20h50, Arte dresse son portrait dans «Le Monde enchanté d’Andersen».

«La Reine des neiges», «La Petite Sirène»… Ces histoires font désormais partie de l’univers enchanté de Disney. Mais elles ont d’abord été imaginées par un auteur danois : Hans Christian Andersen.

On lui doit aussi «La Petite fille aux allumettes», «La Princesse au petit pois» et une ribambelle d’autres contes qui ont ravi des générations de bambins. Samedi à 20h50, Arte vous invite à plonger dans «Le Monde enchanté d’Andersen».

Une enfance de misère

«Ma vie est un beau conte de fées, riche et heureux.» Ainsi commence l’autobiographie rédigée par Andersen. Et pourtant… Hans Christian Andersen a commencé sa vie dans une grande misère.

Lorsqu’il naît, à Odense, en 1805, ses parents habitent le quartier le plus pauvre de la ville. Le père est cordonnier. C’est un homme cultivé, qui donne à son fils le goût de la lecture. Mais il est dépressif et instable, considéré comme un «drôle d’oiseau» par le voisinage.

En 1812, le père Andersen décide de partir à la guerre, estimant que c’est sa seule possibilité d’ascension sociale. Il en revient brisé et meurt quelque temps après. Le petit Hans Christian voit alors sa mère sombrer dans l’alcoolisme.

À 14 ans, il décide de tourner la page de cette enfance difficile. Il quitte Odense pour Copenhague. Avec une seule idée en tête : devenir célèbre. Il vit alors d’aumônes en poussant la chansonnette. Il lui arrive aussi de danser ou de réciter des textes. Tout cela est très maladroit, mais le jeune homme est sympathique et ne tarde pas à se trouver quelques mécènes.

Hypocondrie et parano

Hans Christian Andersen se met alors à écrire… Auteur d’une centaine de contes traduits dans une centaine de langues, on le considère aujourd’hui comme un écrivain pour enfants. Mais de son vivant, Andersen est surtout célèbre pour ses carnets de voyages. Aucun auteur de son époque n’a voyagé autant que lui. Il a escaladé le Vésuve, il s’est promené dans les souks de Marrakech, il a vu les derviches tourneurs au fin fond de la Turquie.

De passage à Paris, il rencontre Hugo et Balzac. À Londres, il loge chez Dickens. Partout, il laisse un souvenir mitigé. «Il est resté deux semaines qui nous ont paru des mois», dira Dickens, excédé par l’excentricité de son invité. Andersen est hypocondriaque et paranoïaque. Il a l’impression d’être sans cesse l’objet de quolibets.

Aucune de ses histoires d’amour n’a dépassé le stade platonique. Il ne trouve pas sa place dans la société. Il se sent partout rejeté.

Le Vilain Petit Canard

En réalité, Andersen est le Danois le plus célèbre de son temps. Il est régulièrement reçu au Palais royal de Copenhague, où il raconte des histoires aux petits Princes avant de dîner avec les souverains. Mais rien n’y fait. Andersen se sent toujours dans la peau du «drôle d’oiseau».

Ce n’est pas un hasard s’il écrit «Le Vilain Petit Canard»… L’histoire de l’oisillon le plus moche de la couvée, moqué et rejeté, avant de devenir un superbe cygne. Andersen s’est toujours perçu en vilain petit canard. Ses contemporains ont vu en lui le cygne qu’il était, mais il ne l’a jamais compris.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 17/12/2020

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